a partie de billard à trois bandes qui se jouent actuellement dans le monde des médias européens n'a pas l'air d'enchanter les marchés. Les trois acteurs, le Français TF1 (-0,3%), l'Italien Mediaset (-4%) et l'Allemand ProSiebenSat (-1,05%) sont tous les trois mal orientés et surperforment leurs indices de référence. Ce matin, les trois groupes ont donc annoncé que TF1 et Mediaset allaient devenir actionnaires de Studio71, un agrégateur de vidéo sur internet filiale de ProSiebenSat. Le n°1 français va en détenir 6,1% et le groupe italien 5,5%, valorisant Studio71 400 millions d'euros.

ProSiebenSat conserve 70% de la société.

En contrepartie, le groupe allemand a pris une participation minoritaire dans Finder Studios, un agrégateur français co-fondé par TF1 et dont ce dernier est toujours actionnaire. Cette opération n'a pas été chiffrée par ProSiebenSat et n'est même pas évoquée dans le communiqué du groupe français.

Enfin, troisième élément, ProSiebenSat et Mediaset vont créer une co-entreprise permettant de déployer l'activité de Studio71 en Italie.

L'indifférence manifestée par les investisseurs à cette annonce s'explique de plusieurs manières. D'abord, du côté de Mediaset, les investisseurs préfèrent retenir l'autre information du jour le concernant à savoir que son holding de contrôle Fininvest n'a pas reçu la moindre offre de Vivendi contrairement à des informations de presse publiées hier. Ces rumeurs ont fait gagner jusqu'à 8% à Mediaset sur l'espoir d'une résolution du conflit avec celui qui est devenu son deuxième actionnaire.

Ensuite, le deal reste modeste au vu des performances des différents groupes. Le chiffre d'affaires de Studio71 n'apparait pas dans le document de référence de ProSiebenSat. Il n'est qu'une partie de la division Digitale du groupe de médias allemand qui réalise elle-même 856,2 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, soit 26% des revenus totaux du groupe.

Enfin, cette offensive dans le digital a certes le mérite d'exister mais ne sera sans doute pas suffisante à court terme pour compenser la morosité du marché publicitaire, principale source de revenus des groupes de médias. D'ailleurs, hier, Morgan Stanley, dégradant sa recommandation sur TF1, que le groupe français risquait de voir stagner ses revenus publicitaires en 2017.

Reste que ce deal pourrait se révéler stratégique à long terme selon Liberum, l'un des rares analystes à avoir réagi à l'annonce de ce meccano ce matin. Le broker estime que l'impact sera positif sur la rentabilité des trois groupes de médias et leur permettra de monétiser un catalogue de contenus plus large sur des marchés plus importants.

Valeurs citées dans l'article : TF1, ProSiebenSat.1 Media AG, Mediaset SpA