New York (awp/afp) - Charles Schwab, un des pionniers du courtage en ligne, a annoncé lundi le rachat de son rival TD Ameritrade pour quelque 26 milliards de dollars, dans un secteur en proie à une rude concurrence pour attirer de nouveaux clients.

Cette opération, qui va se faire uniquement en actions, doit encore recevoir le feu vert des régulateurs. Comme elle va créer un géant de la gestion d'actifs, avec environ 5.000 milliards de dollars sous son contrôle, elle pourrait particulièrement attirer l'attention des autorités de la concurrence.

"Grâce à cette transaction, nous allons capitaliser sur une opportunité unique de bâtir une entreprise qui aura l'âme d'un pionnier et les ressources d'une grande institution de services financiers et qui sera dans une position unique pour offrir les services de courtage et de gestion de biens dont les investisseurs auront besoin tout au long de leur vie", a affirmé Walt Bettinger, PDG de Charles Schwab.

Dans les années 70, les deux entreprises ont révolutionné la manière dont les petits investisseurs pouvaient placer leur argent à Wall Street, en concurrençant directement les grandes maisons de courtages qui y faisaient la pluie et le beau temps et prenaient souvent de juteuses commissions.

Dans l'environnement actuel, "extrêmement concurrentiel", "nous croyons que nous pouvons accomplir davantage ensemble que nous ne pourrions séparément", estime l'entreprise.

Cette opération intervient en effet dans un contexte compliqué pour le secteur qui se livre à une rude bataille pour appâter les petits investisseurs, de plus en plus friands de produits financiers peu chers et faciles à utiliser.

La société Charles Schwab avait marqué les esprits début octobre en annonçant que les commissions de 4,95 dollars sur chaque opération d'achat et de vente d'actions, de fonds négociés en Bourse (ETF) ou d'options, effectuée en ligne aux Etats-Unis et au Canada, allaient tout simplement disparaître.

TD Ameritrade lui avait emboîté le pas quelques heures plus tard avant une décision similaire le lendemain de leur concurrent E*Trade.

Ces entreprises font face à la montée en puissance de start-up comme Robinhood, qui proposent déjà depuis quelques années de boursicoter à Wall Street sans frais.

Suppressions d'emplois

Mais la course vers le "zéro coût" fait baisser les revenus de ces sociétés de courtage, qui pâtissent également du maintien des taux à un bas niveau dans la mesure où elles tirent une partie de leurs profits des intérêts gagnés grâce au placement de l'argent laissé sur le compte de leurs clients sans être investi.

Le rachat de TD Ameritrade par Charles Schwab pourrait inciter d'autres acteurs du secteur comme E*Trade à s'allier à des concurrents, ont souligné des analystes de Bank of America dans une note.

Si ces plateformes deviennent plus importantes, "cela pourrait aussi faire pression sur l'ensemble du secteur de la gestion d'actifs", ont-ils aussi prévenu.

Une fois la fusion réalisée, ce qui pourrait prendre entre 18 et 36 mois après la clôture de la transaction, Charles Schwab et ses 5.000 milliards de dollars sous actifs rivalisera directement avec les autres mastodontes du secteur, BlackRock (environ 7.000 milliards) et Vanguard (environ 5.600 milliards).

TD Ameritrade compte un peu plus de 12 millions de clients individuels tandis que Charles Schwab gère non seulement 12 millions de comptes actifs mais également 1,7 million de compte de plans de retraite d'entreprise ainsi que 1,4 million de comptes bancaires.

Le groupe devrait, après la transaction, dégager un chiffre d'affaires annuel de 17 milliards de dollars et un bénéfice avant impôts de 7 milliards.

Le siège de la nouvelle entité sera réinstallé au Texas, sur le nouveau site de Charles Schwab à Westlake dans la région de Dallas, Fort Worth.

Charles Schwab dont le berceau historique est à San Francisco, sur la côte ouest, a toutefois précisé que l'essentiel de ses opérations qui s'y trouvent actuellement y seront maintenues. Mais il a aussi prévenu que des suppressions d'emplois sont à prévoir.

afp/rp