LONDRES (awp/afp) - Choix de la continuité, Andrew Bailey, qui prend lundi les rênes de la Banque d'Angleterre, a un profil type de banquier central mais son bilan controversé à la tête du gendarme financier de la City suscite la méfiance.

Lorsque l'ancien ministre des Finances Sajid Javid, qui a depuis démissionné avec fracas, a nommé en décembre Andrew Bailey pour succéder à Mark Carney aux commandes de la Banque d'Angleterre, ce choix n'a pas réellement surpris les observateurs.

Malgré l'abondance de bons candidats, M. Javid a indiqué n'avoir eu "aucune hésitation" à choisir cet homme du sérail, face à des profils plus diversifiés et notamment féminins, jugeant que M. Bailey était "la bonne personne pour mener la Banque pendant que nous forgeons notre avenir hors de l'UE".

"Andrew Bailey peut être considéré comme un +insider+ (homme du sérail, ndlr) avec une expérience à l'extérieur", a souligné Paul Dales, analyste pour Capital Economics.

A presque 61 ans, ce natif de Leicester au Royaume-Uni, diplômé d'un doctorat de Queen's College à Cambridge, a commencé comme chercheur à la London School of Economics - où sa femme Cheryl Schonhardt-Bailey est professeure de sciences politiques - avant d'entrer en 1985 à la BoE, où il a passé l'essentiel de sa carrière.

Rapport au vitriol

Père de deux enfants, ce brun au visage rond portant des lunettes métalliques a joué un rôle clé pendant la crise financière de 2008, lorsqu'il était responsable des opérations spéciales de l'institut monétaire, agissant notamment pour le sauvetage sur deniers publics de la Royal Bank of Scotland.

Il a raconté au Financial Times que le trésorier de RBS était venu le voir dans un état de grande fébrilité en 2008, au pic de la crise, pour lui lancer: "+J'ai besoin de 25 milliards de livres aujourd'hui. Tu peux faire ça ?+ J'ai dit oui".

En 2016, il quitte l'institution pour rejoindre la FCA, le gendarme financier de la City, un poste pour lequel on est venu le chercher, a-t-il rappelé au début du mois devant des parlementaires l'attaquant sur son bilan.

Cela a été une fonction "très difficile", a-t-il reconnu avant de préciser qu'il ne regrettait pas de l'avoir acceptée.

Sous son mandat, la FCA a pâti de plusieurs scandales financiers ayant entaché sa réputation, notamment la chute du fonds de l'ex-investisseur vedette Neil Woodford ou la faillite de London Capital & Finance, qui vendait des obligations à haut rendement mais qui se sont révélées très risquées.

Fin février, et alors que le régulateur a dû reconnaître la publication par erreur d'informations confidentielles de consommateurs, la militante Gina Miller, partisane d'une plus grande transparence dans la finance, a publié un rapport au vitriol sur le bilan d'Andrew Bailey à la tête du régulateur financier.

Son mandat "a été marqué par un cocktail toxique de négligence, d'incompétence et d'indifférence" et "sous sa direction, des centaines de milliers de Britanniques ont perdu de l'argent", a-t-elle écrit en demandant au ministre des Finances de revoir son choix.

Andrew Bailey a été malgré tout approuvé par la commission du Trésor du Parlement qui a jugé qu'il avait "la compétence professionnelle et l'indépendance personnelle" requise.

Mais la commission "a également relevé de nombreuses insuffisances concernant la performance de la FCA avant et pendant son mandat", a souligné Mel Stride, son président.

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