(RPT titre corrigé afin de préciser que la dépêche n'est bloquée qu'en Chine)

PEKIN, 2 août (Reuters) - Sous la pression des autorités chinoises de régulation, une dépêche de l'agence Reuters sur la situation à Hong Kong a été retirée des terminaux chinois du fournisseur d'informations financières Refinitiv, a-t-on appris auprès d'utilisateurs de ces terminaux Eikon et d'une source proche du dossier.

La dépêche, publiée à la fin de la semaine dernière, rapportait qu'un responsable local du Bureau de liaison de Pékin à Hong Kong avait incité des habitants d'une zone rurale du territoire à chasser des manifestants anti-gouvernementaux.

Quelques jours plus tard, de violents affrontements avaient éclaté dans ce secteur des Nouveaux territoires, où une centaine d'hommes armés de bâtons, certains liés aux Triades, s'en sont pris à des manifestants, des passants et des journalistes.

Des opposants ont établi un lien direct entre les recommandations de ce responsable local du Bureau de liaison et les violences du 21 juillet dans la gare de Yuen Long.

Cette dépêche, toujours visible sur les écrans Eikon hors de Chine, était en revanche introuvable vendredi sur les terminaux utilisés en Chine. L'agence Reuters n'est pas en mesure de déterminer à quelle date elle a été retirée du fil d'actualité ni si d'autres dépêches ont connu le même sort.

Refinitiv dispose d'une licence lui permettant de fournir des informations financières en Chine, et selon une source proche du dossier, l'autorisation chinoise de régulation dont elle relève, l'Administration du cyberespace de Chine (CAC), a prévenu qu'elle suspendrait le service s'il ne retirait ou ne bloquait pas certains articles politiquement sensibles.

"En tant qu'acteur mondial, nous nous conformons à nos obligations réglementaires dans chaque pays, dont celles que prévoit notre licence en Chine", a indiqué Refinitiv dans un communiqué.

En juin déjà, plusieurs dépêches de l'agence Reuters portant sur le 30e anniversaire de la répression du Printemps de Pékin place Tiananmen avaient été supprimées des terminaux Eikon.

Le président de Reuters News, Michael Friedenberg, et le directeur des rédactions de l'agence, Steve Adler, avaient alors fait part à Refinitiv de leur préoccupation.

Dans une note interne aux employés de l'agence, ils réaffirment vendredi que la position de Reuters est inchangée. "Cette dépêche qui concerne les manifestations à Hong Kong est juste et exacte, et nous la maintenons", ajoutent-ils. "Nous avons indiqué à Refinitiv que nous étions préoccupé et déçu que cela se soit reproduit."

Refinitiv est né l'an dernier de la vente par le groupe Thomson Reuters de 55% de ses parts dans sa branche Financial & Risks à un consortium mené par le fonds d'investissement américain Blackstone.

Le London Stock Exchange a annoncé jeudi avoir conclu un accord pour le rachat de Refinitiv pour un montant de 27 milliards de dollars.

Dans le cadre de l'accord avec Blackstone, Refinitiv est engagé contractuellement à verser au moins 325 millions de dollars par an sur une durée de 30 ans à l'agence Reuters pour l'utilisation de ses dépêches, ce qui en fait son principal client. (Tony Munroe Henri-Pierre André pour le service français)