Le conglomérat allemand a annoncé la semaine dernière son intention de se muer en deux entités cotées, l'une, Thyssenkrupp Industrials, concentrée sur les biens d'équipement (ascenseurs, équipements automobiles et ingénierie industrielle) et l'autre, Thyssenkrupp Materials, reprenant le reste des actifs du groupe, dont les 50% dans la future coentreprise sidérurgique avec Tata et la construction navale.

Le président du directoire de Thyssenkrupp, Guido Kerkhoff, confirmé dimanche pour un mandat de cinq ans, a déclaré aux analystes que la nouvelle structure réduirait la complexité et apporterait plus de transparence pour les actionnaires.

Certains analystes estiment cependant que Thyssenkrupp Industrials restera une entité complexe.

"Finalement, nous sommes passés d'un grand conglomérat à deux plus petits conglomérats", a déclaré Cedar Ekblom, analyste chez Bank of America Merrill Lynch.

"TK Industrials a trois divisions, qui sont toutes des entreprises de biens d'équipement, mais en fin de compte, ce sont des entreprises très différentes avec des marchés finaux très différents."

Guido Kerkhoff a pour sa part insisté sur l'importance des liens entre ces divisions.

"Il y a de la colle entre les trois", a-t-il déclaré. "Elles dépendent toutes des mêmes grandes tendances dans le monde. Elles dépendent toutes des compétences en matière d'ingénierie et de service partout dans les entreprises."

L'action Thyssenkrupp a fini en repli de 4,51% à 20,76 euros à la Bourse de Francfort, plus mauvaise performance de l'indice Dax-30 et troisième plus forte baisse de l'indice FTSEuroFirst 300.

SCISSION SUR LE MODÈLE D'E.ON

La scission de Thyssenkrupp constitue la plus importante réorganisation du conglomérat allemand depuis le rapprochement entre Thyssen et Krupp il y a 20 ans.

Elle représente aussi une grande victoire pour les fonds activistes Cevian et Elliott. Ces derniers réclament depuis des années des mesures concrètes de simplification de la structure du groupe, dont les activités vont de la construction navale à la conception et à l'entretien de sites industriels en passant par les ascenseurs, afin d'en améliorer les performances opérationnelles.

Les analystes soulignent cependant qu'une stratégie pour l'activité du groupe reste nécessaire, malgré sa réorganisation structurelle.

La scission de Thyssenkrupp est bâtie sur le modèle d'E.ON et d'Uniper dans lequel le premier a conservé une participation minoritaire qui a fini par être cédée au finlandais Fortum.

Il est prévu que Thyssenkrupp Materials procède rapidement à la vente de sa participation minoritaire dans Thyssenkrupp Industrials qu'il détiendra à l'issue de la scission.

"Le plus tôt sera le mieux", a déclaré Guido Kerkhoff.

"Thyssenkrupp Materials est viable sans la participation dans Thyssenkrupp Industrials", a-t-il ajouté.

Les actionnaires doivent encore se prononcer sur cette scission, censée intervenir début 2019.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Christoph Steitz

Valeurs citées dans l'article : thyssenKrupp, Fortum Oyj, E.ON, Tata Steel