Berlin (awp/afp) - Le conglomérat allemand Thyssenkrupp a annoncé jeudi la cession pour 17,2 milliards d'euros de sa division d'ascenseurs à un consortium d'investisseurs, une manne qui doit l'aider à sortir de la crise.

"Le contrat de vente est signé. La transaction sera close d'ici la fin de l'exercice en cours", a précisé le groupe dans un court communiqué, ajoutant que la cession restait soumise à l'accord des autorités de concurrence.

Les acheteurs sont l'américain Advent et le britannique Cinven, préférés aux sociétés de capital investissement Blackstone, Carlyle et un fonds de pension canadien.

Cet argent frais va permettre à l'entreprise de réduire "son endettement ainsi que des coûts structurels", ajoute-t-elle.

Le groupe a cruellement besoin de ces fonds pour financer sa restructuration. Il compte supprimer au moins 6.000 emplois, dont 2.000 dans l'acier, une de ses activités historiques.

Le syndicat de branche IG Metall s'est félicité de la transaction, qui contient un accord avec les nouveaux propriétaires prévoyant "une garantie des site et de l'emploi pour 7 ans et un mois", a-t-il indiqué dans un communiqué séparé.

Thyssenkrupp est de longue date victime de la crise européenne de l'acier, confronté à une chute des prix liée à une surcapacité au niveau mondial et à la concurrence internationale.

Les difficultés s'étaient encore aggravées après l'échec en juin de la fusion dans l'acier de Thyssen avec l'indien Tata Steel, interdit par le gendarme européen de la concurrence.

Le groupe, dont la palette de produits comprend aussi les sous-marins et les matériaux de construction, avait affiché en 2018/2019 une perte nette de 304 millions d'euros.

"Nouveau départ"

Thyssenkrupp compte sur la vente de sa lucrative activité ascenseurs pour se donner un "nouveau départ", avait indiqué récemment sa PDG Martina Merz.

Mais la transaction n'a pas été sans mal. Pendant plusieurs semaines, son concurrent finnois, Koné a été le favori de ce rachat, avec une offre à 17 milliards d'euros, proposée en janvier.

Mais l'entreprise s'est rétractée mi-février, arguant que tout projet d'acquisition "devrait être assorti de conditions qui sont dans le meilleur intérêt des actionnaires, employés et clients", ce qu'elle estimait ne pas être le cas en l'espèce.

Enfonçant le clou, le patron de Koné, Henrik Ehrnrooth, avait ajouté dans la presse allemande, ne pas vouloir "prendre le risque" d'investir "à perte" dans l'entreprise, sans être "sûr de la solvabilité" de Thyssenkrupp.

En septembre, l'ancien fleuron industriel allemand a même été chassé du Dax, pour rejoindre l'indice MDax des valeurs moyennes, signe du déclin de sa valeur boursière, qui a fondu de près de 60% depuis 2018.

Ses difficultés devraient se poursuivre en 2020, alors que la crise du nouveau coronavirus, et le ralentissement économique chinois qui en découle, menacent de faire chuter la demande mondiale en acier, et par conséquent les prix, sur un marché déjà en surproduction.

"Si l'économie chinoise ne se rétablit pas aussi rapidement que possible, cela aura un impact sur les prix internationaux de l'acier", a souligné à l'AFP Andreas Lipkow, analyste chez Comdirect.

afp/rp