L'indice Dow Jones a gagné 512,4 points, soit 2,06%, à 25.332,18, le S&P-500, plus large, a pris 58,82 points, soit 2,14%, à 2.803,27 et le Nasdaq Composite a progressé de 194,10 points (+2,65%) à 7.527,12.

Les trois indices vedettes de Wall Street enregistrent ainsi leur meilleure performance en pourcentage depuis le 4 janvier.

Après James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, qui a jugé lundi qu'une baisse de taux pourrait "bientôt" se justifier, Jerome Powell a assuré mardi que la banque centrale "suit attentivement les implications" du conflit commercial en cours.

"Comme toujours, nous agirons comme il se doit pour soutenir la croissance, avec un marché du travail solide et une inflation proche de notre objectif symétrique de 2%", a-t-il ajouté.

Jerome Powell avait déjà été à l'origine de la forte hausse de Wall Street le 4 janvier en assurant que la Fed se montrerait patiente et flexible en matière de taux.

"Puisque le marché obligataire intègre une probabilité de plus de 95% d'une baisse de taux, ça fait du bien d'entendre la Fed dire qu'elle attendra que l'économie lui dise quoi faire. Si l'économie ralentit à cause des droits de douane, la Fed envisagera de réduire ses taux", a commenté JJ Kinahan, responsable de la stratégie de marché de TD Ameritrade.

D'autres intervenants expliquent que les déclarations du président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, se disant optimiste sur l'issue des discussions avec les Etats-Unis au sujet de l'immigration et des droits de douane ont aussi soutenu la tendance.

Un article du Washington Post selon lequel des membres républicains du Congrès pourraient s'opposer à la volonté de Donald Trump de taxer des produits mexicains a également joué un rôle.

Les volumes d'échanges ont été relativement nourris avec 7,53 milliards de titres échangés contre 7,16 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

VALEURS

Principal bénéficiaire du rebond quasi-général des actions, le secteur des hautes technologies a fortement rebondi: son indice S&P a pris 3,26% alors qu'il avait décroché de 3,33% sur les deux séances précédentes.

Parmi les poids lourds de la "tech", Apple a regagné 3,66%, Amazon 2,18% et Cisco 2,8%.

L'indice Philadelphia des semi-conducteurs a pris 4,21%, sa plus forte hausse en pourcentage depuis le 24 janvier.

Les valeurs financières (+2,71%) ont pour leur part bénéficié de la remontée des rendements obligataires, conséquence du regain d'appétit pour le risque.

En revanche, la perspective d'un assouplissement de la politique de la Fed a pénalisé les secteurs sensibles aux taux, comme l'immobilier (-0,56%, la seule performance négative des 11 grands indices sectoriels S&P) et les services aux collectivités ("utilities") (+0,04%).

Dans l'actualité des résultats, Tiffany a gagné 2,63% malgré la révision à la baisse de sa prévision de bénéfice annuel. Ses prévisions ont rassuré et plusieurs analystes estiment que les mauvaises nouvelles étaient déjà intégrées dans le cours.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les commandes à l'industrie aux Etats-Unis ont reculé de 0,8% en avril et les livraisons ont diminué de 0,5%, leur plus forte baisse depuis avril 2017, des chiffres qui témoignent d'un ralentissement prolongé de l'activité manufacturière susceptible de se propager au reste de l'économie.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les grandes places boursières sont elles aussi reparties de l'avant après les plus bas de trois mois et demi touchés lundi.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 0,51% à 5.268,26 points. Le Footsie britannique a pris 0,41% et le Dax allemand 1,51%, sa meilleure performance en pourcentage depuis le 16 mai. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,01%, le FTSEurofirst 300 de 0,54% et le Stoxx 600 de 0,59%.

Le secteur automobile s'est distingué à la hausse (+3,09%), aidé entre autres par des commentaires positifs de RBC, après avoir perdu 16,9% entre son pic annuel du 18 avril et la clôture de lundi soir.

Le compartiment bancaire a gagné 1,99%.

TAUX

Le rebond de Wall Street a détourné les investisseurs des obligations, ce qui s'est traduit par une remontée des rendements après les plus bas de près de deux ans atteints la veille par certaines échéances.

Celui des bons du Trésor à dix ans gagnait en fin de séance 4,5 points de base à 2,126%, alors qu'il était tombé lundi à 2,061%, au plus bas depuis septembre 2017.

Le deux ans prenait lui aussi plus de quatre points à 1,883% après être revenu lundi à 1,834%, au plus bas depuis décembre 2017.

Les contrats à terme sur les taux intègrent désormais une probabilité estimée de 54% d'une baisse de taux à l'issue de la réunion de la Fed des 30 et 31 juillet, contre 63% lundi mais 20% seulement il y a une semaine, selon le baromètre FedWatch de CME Group. Au total, le marché envisage jusqu'à quatre baisses de taux d'ici la mi-2020.

CHANGES

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations de la monnaie américaine face à un panier de devises de référence, a d'abord piqué du nez en réaction aux déclarations de Jerome Powell mais il a ensuite effacé ses pertes avant de connaître une fin de séance hésitante.

Au moment de la clôture de Wall Street, il 0,05abandonnait 0,06%.

L'euro se traitait alors à 1,1253 dollar.

La monnaie unique a atteint en début de journée 1,1277 dollar, son plus haut niveau depuis le 18 avril, mais la publication de la première estimation de l'inflation dans la zone euro en mai, à 1,2% en mai, a interrompu sa hausse.

PÉTROLE

Le rebond des actions a aussi favorisé celui des cours du pétrole, le discours de Jerome Powell ayant éloigné au moins temporairement les craintes de voir les tensions commerciales peser sur la demande.

Le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 23 cents, soit 0,43%, à 53,48 dollars le baril.

Le Brent a pris 69 cents (+1,13%) à 61,97 dollars. Il était tombé lundi jusqu'à 60,21 dollars, son plus bas niveau depuis janvier, après une chute de plus de 15% en deux semaines.

Le prix du WTI est toutefois reparti à la baisse dans les échanges hors séance après la clôture en réaction à l'annonce par l'American Petroleum Institute (API) d'une hausse inattendue de 3,5 millions de barils des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

(Avec Sinead Carew à New York et Medha Singh et Amy Caren Daniel à Bangalore)

par Marc Angrand