Zurich (awp) - Le fabricant de machines-outils Tornos a subi de plein fouet en 2019 les difficultés rencontrées par le secteur automobile. Il a vu ses résultats chuter drastiquement, ce qui a incité le groupe prévôtois à renoncer au dividende.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) a fondu de 59% à 6,4 millions de francs suisses. La marge afférente a cédé 4,1 points de pourcentage à 3,1%. Le bénéfice net s'est inscrit à 5,9 millions, ce qui représente un plongeon de 61%. L'arrêt ou le report de nombreux projets d'investissement dans le secteur automobile ont pesé sur les comptes annuels, précise Tornos lundi.

"Nous arrivons au terme d'une longue phase de haute conjoncture", a affirmé le directeur général Michael Hauser en conférence de presse. Compte tenu de la situation économique actuelle, le conseil d'administration renonce à la proposition de verser un dividende, indique le groupe basé à Moutier dans son communiqué. Les analystes misaient pour leur part sur un relèvement à 30 centimes par action, contre 0,28 centimes au titre de 2018.

Les attentes étaient assez larges pour l'Ebit, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) tablant sur 8,2 millions de francs suisses et Research Partners sur 5,5 millions. Concernant le bénéfice net, les prévisions étaient respectivement de 7,7 et 5,0 millions.

Fin janvier, la société avait fait état d'entrées de commandes rabotées de 45% à 135,5 millions et d'un chiffre d'affaires en recul de 4,4% à 205,3 millions. Elle a adressé aux autorités cantonales bernoises une demande de mesures de chômage partiel de 50% à partir du mois de mars, affectant uniquement la production.

Le groupe a déjà réduit les effectifs au deuxième semestre afin de s'adapter à la baisse des contrats. En moyenne, Tornos a employé l'année dernière 747 personnes, dont 300 en Suisse. De nouvelles mesures de réductions de coûts sont prévues.

Effets incertains du coronavirus

La crise du secteur automobile et les effets du coronavirus ont pris les dirigeants au dépourvu. "Il y a un an, nous avons enregistré un nombre record de commandes dans l'industrie automobile alors que, 12 mois plus tard, nous faisons face à des annulations et des reports", a déploré le patron de Tornos.

Afin de se prémunir des soubresauts de l'industrie automobile, le groupe confirme sa volonté de se réorienter vers les dispositifs médicaux et dentaires, l'électronique et l'industrie horlogère.

Tornos ne se risque à aucune prévision chiffrée pour 2020, insistant sur les incertitudes géopolitiques. La confiance reste cependant de mise pour le groupe industriel prévôtois, qui se dit bien armé pour réagir aux évolutions des différents marchés.

Les conséquences du coronavirus ne sont "pour l'heure pas encore entièrement prévisibles". Tornos dispose d'un site à Taïwan, où il peut transférer la production de certaines gammes de machines, assurée initialement depuis la Chine continentale, affirme le communiqué.

L'épidémie de pneumonie virale en Asie ne décourage pas le groupe à se renforcer sur ce continent, notamment à Taiwan où l'usine de Taichung est désormais capable de terminer le montage de toutes les machines de la gamme Swiss GT. Le site a atteint ses pleines capacités au deuxième semestre 2019.

Le groupe a également finalisé en janvier la prise de contrôle totale sur sa filiale chinoise (Xi'an) Machine Works, avec l'acquisition de la part minoritaire (30%) détenue par la société chinoise Shaanxi Robot Automation Technology. Tornos a déménagé dans de nouveaux locaux à Xi'an, ville située au centre de la Chine.

Dans un commentaire, la ZKB conditionne la stabilisation des affaires de Tornos à de nouveaux investissements, notamment un renforcement de la distribution. Au vu de ce qui précède, un investissement dans le titre demeure risqué.

Le titre Tornos a clôturé en chute de 6,6% à 4,92 francs suisses, dans un SPI en proie à la panique du coronavirus (-5,31%).

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