Tokyo (awp/afp) - Le conglomérat industriel japonais Toshiba, dans la débâcle du fait des déboires de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, a fait un nouveau pas vers un assainissement de ses finances, évitant ainsi l'humiliation d'une radiation de la Bourse de Tokyo.

Il a annoncé jeudi avoir désormais trouvé des acquéreurs pour l'ensemble de ses actifs liés à Westinghouse.

Outre la vente de ses titres à la société américaine Brookfield Business Partners, actée début janvier pour un montant de 4,6 milliards de dollars, il a cette fois indiqué céder ses créances au consortium Nucleus, une opération qui devrait contribuer à renforcer ses fonds propres à hauteur de 410 milliards de yens (3 milliards d'euros).

Toshiba avait au préalable bouclé début décembre une augmentation de capital de 600 milliards de yens (4,4 milliards d'euros), qui lui a permis d'honorer les garanties sur les énormes dettes de son ancienne filiale.

Grâce à ces deux décisions, l'ancien fleuron nippon, qui redoutait précédemment un bilan dans le rouge à fin mars (-750 milliards de yens), prévoit un retour de son bilan dans le vert d'ici à la fin de l'exercice en mars 2018, condition sine qua non pour que son action reste cotée sur le Tokyo Stock Exchange.

Après les affres de 2017, Toshiba s'extirpe ainsi du marasme financier dans lequel l'avaient précipité les mauvais calculs de Westinghouse, acheté au prix fort en 2006, au point que sa survie était en jeu.

La compagnie va revoir en conséquence ses prévisions de résultats financiers et fera une annonce prochainement.

A la Bourse de Tokyo, les investisseurs ont salué la nouvelle par une hausse de l'action de 2,9% dans les premiers échanges. Le gain s'est ensuite amenuisé (+0,31% à la mi-journée).

- Fragile colosse -

La firme plus que centenaire avait levé un autre obstacle en décembre en résolvant l'imbroglio provoqué par sa décision de se séparer de l'activité de puces mémoires Toshiba Memory pour renflouer ces caisses.

Toshiba est le deuxième fournisseur mondial de ces mémoires utilisées dans les smartphones et autres appareils numériques après le sud-coréen Samsung, mais il n'a plus les moyens d'investir dans cette pépite.

Après des mois d'hostilité, son partenaire américain Western Digital s'est résolu à accepter la vente de la lucrative entité à un consortium d'acquéreurs mené par le fonds d'investissement américain Bain Capital et comprenant aussi Apple, Dell ainsi que le fabricant sud-coréen de semi-conducteurs SK Hynix.

Toshiba espérait conclure au plus vite la transaction, évaluée à environ 2.000 milliards de yens (près de 15 milliards d'euros), afin de redevenir solvable avant fin mars, mais il y a moins urgence maintenant que le risque de radiation est écarté.

S'il sauve ainsi la face, l'ancien fleuron japonais ressort profondément fragilisé. Il avait déjà été ébranlé par un scandale de manipulation de comptes en 2015, qui avait décimé la direction. Le feuilleton Westinghouse a mis au grand jour des lacunes dans sa gouvernance.

Pendant de longs mois, les commissaires aux comptes ont même refusé de valider les comptes annuels, finalement publiés en août avec une certification partielle et plusieurs mois de retard sur le calendrier légal.

Le géant, connu pour ses ordinateurs et appareils électroniques mais actif aussi dans une vaste étendue d'équipements industriels, a été contraint à de douloureuses réorganisations.

Il se réduit désormais à une entreprise basée sur les infrastructures (équipements pour le secteur de la distribution, ascenseurs, matériels pour l'industrie, le transport ferroviaire ou les services publics) et l'électricité (centrales thermiques, transmission de courant, production nucléaire au Japon et nouvelles énergies).

Selon sa feuille de route à horizon 2020, ses recettes devraient fondre de moitié par rapport à l'époque fastueuse de 2007-08, juste avant la crise financière internationale qui avait marqué le début des restructurations du groupe.

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