Selon le quotidien économique, le PDG du géant pétrolier a tenu ces propos lors d'un dîner organisé le mois dernier à Davos, en Suisse, réunissant le chef d'Etat américain et plusieurs autres dirigeants d'entreprises européens.

"Quand j'ai eu la chance de dîner avec le président des Etats-Unis, j'ai posé la question (sur l'Iran)", a dit Patrick Pouyanné, cité par le FT.

Le PDG du groupe français a souligné que, selon lui, l'enjeu principal consistait à laisser suffisamment de temps aux réformateurs pour que puissent aboutir leurs efforts en faveur de "davantage de démocratie" dans le pays.

"Je pense que Donald Trump a écouté; cela ne veut pas dire qu'il est d'accord", a ajouté le dirigeant, toujours selon des propos rapportés par le FT.

Donald Trump a accepté, pour la "dernière fois", en janvier de prolonger la suspension des sanctions économiques contre l'Iran levées en vertu de l'accord de 2015 qui encadre les activités nucléaires de la République islamique.

Mais le président américain a fixé un ultime délai, de 120 jours, pour permettre aux Etats-Unis et à leurs partenaires européens de corriger, a-t-il dit, les "terribles défauts" dont souffre, à ses yeux, cet accord signé à Vienne le 14 juillet 2015.

Total a engagé des investissements en Iran où il a signé en juillet dernier un accord en vue de développer la phase 11 de South Pars, le plus grand gisement de gaz naturel au monde.

Le groupe français reste "pleinement engagé" dans ce projet évalué dans sa première étape à quelque deux milliards de dollars, a dit Patrick Pouyanné, mais Total aurait "plusieurs façons de se désengager" si des sanctions étaient de nouveau imposées.

Aux termes de l'accord, Total est l'opérateur du projet et son actionnaire à 50,1%, aux côtés de Petropars, filiale de la compagnie nationale iranienne NIOC (19,9%) et de la compagnie nationale chinoise CNPC (30%).

"Si le cadre, les règles du jeu changent, bien sur nous devrons réévaluer", a poursuivi le PDG de Total, qui compte également un certain nombre d'actifs aux Etats-Unis.

L'une des options pourrait consister pour Total à revendre ses parts à CNPC, a-t-il dit au sujet de South Pars, évoquant aussi le scénario possible d'un arrêt du projet.

Des sources industrielles ont dit à Reuters en décembre que le pétrolier et gazier chinois CNPC envisageait de reprendre les parts de Total si le pétrolier français se retirait.

(Gwénaëlle Barzic, édité par Benoît Van Overstraeten)