par Chang-Ran Kim et David Bailey

Le numéro un mondial de l'automobile a vu ses ventes chuter de 16% en janvier aux Etats-Unis après le rappel massif de véhicules en raison d'un système d'accélération défectueux.

Sa part de marché sur le territoire américain est tombée à son plus bas niveau depuis janvier 2006 et le constructeur a écoulé moins de 100.000 voitures sur un mois pour la première fois depuis plus de dix ans.

Honda n'a pas été le principal bénéficiaire des déboires de son concurrent japonais mais il a relevé mercredi pour la troisième fois son objectif de bénéfice annuel et publié un bénéfice d'exploitation trimestriel deux fois supérieur au consensus.

"Les ventes de voiture et la part de marché sont une sorte de course de vitesse et si vous sortez dans les graviers, les autres risquent très vite de vous dépasser, et c'est en résumé ce qui s'est produit pour Toyota", commente Erich Merkle, analyste d'Autoconomy.

"Pour l'instant, nous devons déterminer combien de temps il va leur falloir pour revenir dans la course", ajoute-t-il.

L'action Toyota a terminé en baisse de 5,69% mercredi à la Bourse de Tokyo à 3.400 yens.

LES ÉTATS-UNIS DURCISSENT LE TON

Une porte-parole de Toyota à Tokyo a indiqué que le constructeur examinait plusieurs dizaines de plaintes reçues depuis décembre sur le freinage de la Prius de troisième génération, qui est en tête des ventes au Japon.

Elle a précisé qu'il n'y avait eu aucune mention d'accidents qui seraient liés à ce problème.

Le mois dernier, Toyota a déjà été contraint de rappeler des voitures dans le monde entier en raison d'un système d'accélération défectueux. Ce rappel, touchant au premier chef les Etats-Unis, porte sur 8,1 millions de véhicules.

Le secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood, a durci le ton mercredi en estimant que Toyota avait tardé à prendre la mesure du problème.

"Nous n'en avons pas fini avec Toyota. Même si Toyota prend aujourd'hui les mesures qui s'imposent, il a malheureusement fallu beaucoup de temps pour que le constructeur prenne cette décision", dit-il dans un courrier électronique envoyé à Reuters.

Des responsables de l'administration ont déclaré que le gouvernement américain pourrait décider d'imposer des pénalités à Toyota pour ce rappel et qu'une enquête approfondie pourrait être menée portant notamment sur les commandes électriques.

La série de problèmes de Toyota, qui a dû suspendre la commercialisation de ses modèles les plus vendus aux Etats-Unis, suscite des interrogations sur la façon dont ses dirigeants ont géré les événements.

"Lorsqu'une entreprise traverse une crise, les gens attendent de la société qu'elle assume pleinement ses responsabilités, qu'elle montre de l'empathie avec les victimes et leurs familles et qu'elle gère la situation en listant les problèmes et la façon dont elle compte les régler", explique Ong Hock Chuan, conseiller technique pour la société de conseil Maverick, spécialisée dans la gestion de crise.

"Toyota semble avoir échoué sur tous ces points. Ils n'ont reconnu le problème qu'à demi-mot et presque à contrecoeur, ils ne se sont pas excusés clairement auprès des victimes et de leurs familles et ils n'ont pas réussi à organiser une communication sur ce qu'ils comptent faire pour reprendre le contrôle de la situation", ajoute-t-il.

Le constructeur japonais doit publier jeudi ses résultats du troisième trimestre.

Version française Benoit van Overstraeten, Wilfrid Exbrayat et Gwénaëlle Barzic, édité par Dominique Rodriguez