par Chang-Ran Kim et Bernie Woodall

"Croyez moi, les voitures Toyota sont sûres", a assuré Akio Toyoda, petit-fils du fondateur de Toyota, qui s'exprimait pour la première fois depuis l'annonce des premiers rappels.

Lors d'une conférence de presse au siège de Toyota à Nagoya, il a reconnu que le constructeur traversait "une crise" et qu'il allait devoir relever de nombreux défis.

"Je voudrais saisir l'occasion pour m'excuser du fond du coeur d'avoir causé des soucis à un si grand nombre de nos clients après les rappels de plusieurs modèles dans plusieurs régions", a-t-il dit.

A l'issue de son intervention, le patron de Toyota s'est incliné en signe d'excuse et il a finalement répondu à quelques questions alors qu'un responsable du groupe avait tenté de mettre un terme à la conférence de presse.

Le premier constructeur automobile mondial a rappelé plus de huit millions de véhicules dans le monde en raison d'un risque d'accélération involontaire sur plusieurs de ses modèles et des consommateurs se sont plaints d'un freinage insuffisant sur la version 2010 de son modèle phare, le véhicule hybride Prius.

Akio Toyoda s'est engagé à mettre sur pied et à présider un groupe de travail consacré à l'amélioration de la qualité qui fera appel à des experts indépendants.

Depuis le 21 janvier et les premiers rappels aux Etats-Unis, la valorisation boursière de Toyota a chuté de près de 22 milliards d'euros.

La gestion de la crise par le constructeur a été l'objet de vives critiques en raison notamment du silence quasi-total de ses dirigeants.

AU TOUR DE LA PRIUS

Kazutaka Oshima, président de Rakuten Investment Management, a souligné que les actionnaires du groupe attendaient des réponses.

"Toyota doit des explications aux actionnaires étant donné qu'ils ont perdu une partie non négligeable de leurs actifs", dit-il.

Jeudi, le groupe nippon a estimé à 1,4 milliard d'euros environ l'impact global sur ses comptes annuels des rappels de sécurité annoncés ces dernières semaines.

En raison des inquiétudes croissantes portant sur les effets potentiellement défavorables des problèmes rencontrés par Toyota, l'agence de notation Standard & Poor's a décidé de placer la note de crédit à long terme "AA" du groupe sous surveillance avec "implication négative".

Toyota a indiqué que ses concessionnaires américains avaient commencé à réparer les pédales d'accélération défectueuses sur les modèles concernés.

Des autorités chargées de la sécurité aux Etats-Unis et au Japon ont par ailleurs dit étudier des problèmes signalés sur la dernière version de la Prius, le modèle le plus vendu au Japon par Toyota l'an dernier.

Une source au fait des discussions entre Toyota et les autorités japonaises a déclaré vendredi à Reuters que le groupe envisageait de procéder à des rappels.

Lors de la conférence de presse, Akio Toyoda, a indiqué que le groupe annoncerait ses décisions sur la Prius dès qu'elle auraient été prises.

Le ministre japonais des Transports, Seiji Maehara, a déclaré de son côté qu'il avait entendu dire par les fonctionnaires de son ministère que Toyota rappellerait ou réparerait de sa propre initiative les véhicules potentiellement concernés.

Le constructeur américain Ford a également reconnu jeudi des problèmes de freinage sur des véhicules à motorisation hybride.

Avec Nobuhiro Kubo et Taiga Uranaka, version française Alexandre Boksenbaum-Granier et Gwénaëlle Barzic