par Bernie Woodall et Soyoung Kim

La réputation de Toyota en matière de qualité et de fiabilité, qui lui a permis de ravir à General Motors la place de premier constructeur automobile mondial, est écornée et le groupe japonais est aujourd'hui accusé d'avoir réagi avec lenteur après la découverte du problème de pédale qui peut entraîner des accélérations intempestives.

Deux plaintes ont été déposées contre le constructeur dans la province d'Ontario au Canada et dans l'Etat américain du Texas, accusant Toyota d'avoir pris connaissance trop tardivement des problèmes affectant ses véhicules.

Après examen, les autorités américaines chargées de la sécurité routière (NHTSA) se sont quant à elles déclarées satisfaites des mesures engagées par le constructeur pour réparer ou remplacer les pédales défectueuses.

Si l'on inclut les véhicules rappelés en Europe et en Chine, quelque huit millions de voitures vont devoir être examinées dans le monde, dont certaines pour des problèmes distincts relevant d'autres défauts sur des pédales et des tapis.

Mais lundi, le groupe japonais a dit avoir trouvé un moyen de remédier à ce défaut pour 2,4 millions de véhicules, ajoutant qu'il pourrait reprendre la production de huit modèles, dont la Camry, son modèle qui se vend le mieux, lundi prochain.

Une armature métallique sera ajoutée aux pédales dans le courant de la semaine sur les véhicules vendus par les concessionnaires américains, précise le constructeur japonais dans un communiqué.

Des sources avaient expliqué vendredi que cela pourrait permettre de remettre en vente les modèles rappelés dès la troisième semaine de février.

"Puisque que nous avons maintenant un approvisionnement adéquat de pédales complètes pour les besoins urgents des consommateurs (...), nous prévoyons de reprendre la production le 8 février", a noté un porte-parole de Toyota dans un email.

CAMPAGNE PUBLICITAIRE

Toyota, qui a lancé dimanche une campagne publicitaire dans les principaux journaux américains pour avertir les consommateurs de ce rappel et indiquer que la production serait arrêtée pendant au moins une semaine, dit avoir testé le nouveau système.

"Rien n'est plus important pour nous que la sécurité et la fiabilité des véhicules que conduisent nos clients", assuré Jim Lentz, P-DG de Toyota Motor Sales USA.

La procédure de rappel a été étendue à des Avalon vendues entre 2005 et 2010 et des Sequoia vendues en 2009 et 2010 au Moyen-Orient.

"Ce rappel se propage à travers le monde et braque les projecteurs sur Toyota", commente Hiroaki Osakabe, analyste chez Chibagin Asset Management.

"Cela risque d'affecter l'image de la marque Toyota et il y a une réelle inquiétude sur les dommages à long terme que subira cette image. Cela risque en outre de porter atteinte à sa compétitivité."

Les crainte suscitées par cette situation ont entrainé une débâcle du titre Toyota la semaine dernière. Le groupe japonais a ainsi perdu près de 20 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Ce rappel de voitures en raison de pédales défectueuses concerne aussi désormais le français Peugeot qui assemble certains véhicules dans une coentreprise qu'il détient avec Toyota en République tchèque.

PSA Peugeot Citroën a fait savoir samedi qu'il s'apprêtait à rappeler préventivement près de 100.000 voitures en raison de ce problème de pédale d'accélérateur. Les deux modèles concernés, la Peugeot 107 et la Citroën C1, sont assemblés dans l'usine tchèque que PSA partage avec Toyota.

Les analystes de la Société générale estiment que ces rappels ne devraient toutefois pas remettre en question la stratégie de partage des coûts de Peugeot et Toyota.

De son côté, Renault a précisé lundi qu'il n'utilisait pas le type de pédales qui a conduit les deux constructeurs à rappeler préventivement des voitures.

Avec Soyoung Kim, version française Wilfrid Exbrayat, Danielle Rouquié, Alexandre Boksenbaum-Granier et Gwénaëlle Barzic