En octobre 2017, le fabricant de boîtes alimentaires en plastique a présenté un "projet de fermeture" du site arguant d’une baisse de la production, notamment en Europe de l’ouest.

"La direction campe sur ses positions en ne proposant que 12 mois d’indemnités supra-légales et trois à six mois de formation selon l’ancienneté", a dit à Reuters Jean-Yves Bauche, représentant CGT au comité d’entreprise, en marge d’une réunion de négociation qui se tenait mardi à Joué-les-Tours. "Nous sommes dans une situation de blocage."

Depuis plusieurs jours, les salariés occupent l’entrée de l’usine et manifestent dans les rues de cette banlieue de Tours déjà frappée par une autre importante vague de licenciements. En 2013, le fabricant de pneumatiques Michelin y a annoncé la suppression de 726 postes sur les 900 restants.

"Tupperware fait 220 millions de dollars de profits", a rappelé une salariée gréviste. "Et moi, avec 43 années d’ancienneté, on me propose 40.000 euros de primes".

Si la plupart des 235 salariés estiment que "le projet de fermeture ne date pas d’hier", ils sont nombreux à penser que les récentes ordonnances liées à la réforme du code du travail, ont facilité le passage à l’acte.

"Auparavant, l’entreprise, compte tenu de ses résultats globaux, ne pouvait pas envisager de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE)", a souligné Jean-Patrick Gille, élu régional socialiste et spécialiste des questions de droit du travail.

"Aujourd’hui, grâce aux fondements des ordonnances qui assouplissent les conditions de mise en place d’un PSE, Tupperware a bénéficié d’un effet d’aubaine. "

Contacté par Reuters, la direction du site tourangeau n’était pas joignable, alors qu’une nouvelle phase de négociations devait débuter ce mardi après-midi.

"Confrontée à une surcapacité industrielle notable de son réseau de fabrication européen liée à une amélioration de sa productivité et à un ralentissement de ses activités commerciales (…) notamment en France, l’entreprise se doit d’optimiser son empreinte industrielle afin de rétablir sa compétitivité et assurer de la croissance", expliquait-elle dans un communiqué daté d’octobre dernier.

"Il s’agit visiblement d’une délocalisation", a insisté Jean-Patrick Gille. "Cette usine est la plus performante d’Europe, elle possède des brevets, un savoir-faire important, tout ce qui pourrait intéresser, souhaitons-le, un éventuel repreneur."

Une délégation d’élus locaux et de représentants du personnel doit être reçue vendredi au ministère de l’Economie et des Finances, ont indiqué les salariés.

(Mourad Guichard, édité par Yves Clarisse)