(Avec réaction turque)

NEW YORK, 1er décembre (Reuters) - Un homme d'affaires turco-iranien a déclaré jeudi devant un tribunal fédéral de New York que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait personnellement autorisé une transaction dans le cadre d'un mécanisme visant à aider l'Iran à contourner les sanctions américaines.

Reza Zarrab, un courtier en or, coopère avec les procureurs américains dans le procès d'un cadre bancaire turc accusé de blanchiment d'argent en faveur de Téhéran. A l'époque des faits, Erdogan était Premier ministre.

Devant les jurés, Reza Zarrab a dit avoir appris de Zafer Caglayan, qui était alors ministre de l'Economie, qu'Erdogan et son ministre du Trésor Ali Babacan avaient autorisé deux banques turques, Ziraat Bank et VakifBank, à transférer des fonds en Iran. Les deux établissements bancaires ont démenti avoir participé à ce mécanisme.

Invitant le courtier à "revenir sur ses erreurs", le Premier ministre turc Binali Yildirim a quant à lui taxé vendredi la justice américaine de partialité. "Cette affaire n'est plus judiciaire mais politique et l'unique objectif est de nuire à la Turquie comme à son économie", a-t-il déclaré lors d'une inauguration à Istanbul.

Erdogan avait pris les devants la veille en affirmant que la Turquie n'avait pas violé les sanctions américaines.

Un porte-parole du gouvernement turc a quant à lui dénoncé un "complot contre la Turquie".

Le témoignage de Reza Zarrab est intervenu au troisième jour du procès de Mehmet Hakan Atilla, cadre de la banque publique turque Halkbank, qui a plaidé non coupable devant le tribunal fédéral de Manhattan.

Les procureurs américains ont mis neuf personnes en accusation dans cette affaire mais seuls Zarrab, 34 ans, et Atilla, 47 ans, ont été arrêtés aux Etats-Unis.

Au cours des deux premiers jours de procès, Reza Zarrab a déclaré qu'il avait aidé l'Iran à utiliser des fonds déposés à la Halkbank pour acheter de l'or, qui était ensuite convoyé clandestinement vers Dubaï, où il était changé en cash.

Jeudi, il a ajouté qu'il avait dû cesser ces transactions d'or à la suite d'un changement dans le régime de sanctions américain. Il a alors commencé à transférer de l'argent via de faux achats alimentaires.

Reza Zarrab a dit avoir versé des pots-de-vin à un ancien directeur de Halkbank, Suleyman Aslan, et à l'ancien ministre Zafer Caglayan, qui font également partie des personnes poursuivies.

Le gouvernement turc a déjà assuré que Caglayan avait agi en toute légalité, Halkbank affirme également n'avoir commis aucune faute. (Brendan Pierson avec Tuvan Gumrukcu et Ece Toksabay; Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)