Washington (awp/afp) - Déjouant les pronostics, le chômage a reculé aux Etats-Unis en mai, offrant une bouffée d'oxygène à un Donald Trump embourbé dans les manifestations antiracistes, qui assure désormais que le pire de la pandémie est passé.

Le président Donald Trump s'est auto-congratulé de cette baisse surprise, saluant ce qui est "probablement", selon lui, "le plus grand retour dans l'histoire américaine", a-t-il dit lors d'une allocution à la Maison Blanche.

Et il en est persuadé, "ça ne va pas s'arrêter ici. Ça va continuer car beaucoup d'endroits son fermés", comme New York qui entame seulement son déconfinement.

Le taux de chômage est tombé à 13,3% en mai, quand les analystes les plus pessimistes le voyaient frôler les 20%. Et 2,5 millions d'emplois ont été créés, contre 8,5 millions d'emplois détruits attendus.

Quelques minutes après la publication de ce chiffre par le département du Commerce, Donald Trump avait applaudi sur Twitter un "rapport sur l'emploi vraiment génial. Grand président Trump (je plaisante mais c'est vrai)!".

Pour la Maison Blanche, aucun doute, ce rebond inattendu est dû au redémarrage de l'activité économique, que le président réclame depuis de longues semaines, et qui a débuté en mai dans certains Etats.

"Nous avons pris toutes les décisions qu'il fallait", a assuré Donald Trump.

Il estime que les Etats-Unis ont "largement surmonté" la pandémie de Covid-19, qui a tué plus de 108.000 personnes et continue de faire environ un millier de morts chaque jour dans le pays.

"On veut la fin du confinement pur et dur" dans les Etats où des mesures sont encore en vigueur, a-t-il plaidé, assurant que la situation était bonne là où les restrictions ont pris fin.

fossé entre emploi et demande réelle

Le chômage a diminué notamment grâce aux embauches dans le secteur des loisirs et de l'hôtellerie, particulièrement touché pendant la pandémie.

Mais de nombreux observateurs rappellent que les entreprises qui ont bénéficié d'un prêt dans le cadre du plan de relance de l'économie, avaient huit semaines pour embaucher de nouveau, et ainsi voir leur dette oubliée et transformée en aide.

Un allongement de cette durée à 24 semaines vient seulement d'être voté, et n'avait pu être anticipé par les entreprises pressés de rappeler leurs salariés.

"Les réembauches ne signifient pas que la demande est de retour", relève ainsi l'économiste Adam Ozimek.

Le délai de huit semaines imposé aux bénéficiaires de prêts "créé un fossé entre la demande réelle et la croissance de l'emploi" et "la hausse de l'emploi ne peut pas être considérée comme le reflet des conditions économiques réelles".

Par ailleurs, tous ces chiffres sont à manier avec précaution, alertent les experts. Le taux est en effet établi à partir de réponses collectées auprès de ménages et d'entreprises, mais, en raison de la pandémie, ils ont été bien moins nombreux qu'habituellement à répondre.

Mais tous les yeux sont désormais tournés vers les manifestations qui secouent le pays depuis la mort, il y a dix jours, de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc, et qui valent à Donald Trump de vives contestations de toutes parts.

Le mouvement a mis en lumière les inégalités qui touchent les Afro-Américains, et sont exacerbées par la crise du Covid-19.

Ainsi, la baisse du chômage en mai a concerné les populations blanches et hispaniques (qui ont enregistré des taux de chômage respectivement en baisse de 1,8 point à 12,4% et de 1,3 point à 17,6%).

Les travailleurs noirs et asiatiques ont, eux, continué à voir le chômage grimper, respectivement de 0,1 point à 16,8% et 0,5 point à 15%.

En seulement deux mois, avec la mise en place des mesures massives de confinement, le taux de chômage aux Etats-Unis avait grimpé comme jamais, passant de 3,5% en février, son niveau le plus faible depuis 50 ans, à 14,7% en avril, son plus haut depuis 80 ans.

afp/rp