PARIS (awp/afp) - La semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées s'ouvre lundi dans un contexte de forte hausse du chômage, ambitionnant de mettre un coup de projecteur sur des solutions comme l'alternance et l'apprentissage mais aussi sur les discriminations subies plus particulièrement par les femmes.

En 2018, la barre des 500.000 demandeurs d'emploi handicapés inscrits à Pôle emploi a été dépassée pour s'établir à 514.000 personnes, soit une hausse de 3,5% sur un an. Le taux de chômage, autour de 19%, est toujours deux fois supérieur à la moyenne nationale.

"C'est un désastre. A un moment où le chômage se stabilise, on constate que pour les personnes handicapées la courbe est en constante progression", déplore Alain Rochon, président d'APF France handicap, rappelant les risques majeurs de précarisation et d'isolement des personnes handicapées.

Plus âgées que la moyenne des demandeurs d'emploi et moins qualifiées, les personnes handicapées connaissent aussi des périodes de chômage plus longues.

La loi impose d'embaucher au moins 6% des travailleurs handicapés mais les taux d'emploi peinent à décoller. En 2016, moins de 4% des emplois du privé et un peu plus de 5% des postes dans le public étaient occupés par des travailleurs en situation de handicap.

Dans ce paysage plutôt sombre, la 22e édition de cette semaine de sensibilisation a pour objectif de "faire un focus sur l'accès et le maintien en emploi" et "faire se rencontrer les candidats et les employeurs", explique Emmanuel Constant, président de Ladapt, l'une des associations organisatrices.

"Handicafés", forums pour l'emploi, colloques thématiques, initiations... Quelque 400 événements sont organisés à Paris et en région jusqu'au 25 novembre (www.semaine-emploi-handicap.com) et plusieurs centaines d'entreprises sont mobilisées.

L'Agefiph, fonds d'insertion pour les travailleurs handicapés, promet de publier tous les quart d'heure une offre d'emploi sur son compte Twitter.

Chantiers sur la table

Trois thèmes sont à l'honneur cette année: l'apprentissage - seuls 1% des apprentis sont en situation de handicap -, l'emploi accompagné - dispositif permettant d'accompagner les travailleurs et leurs entreprises -, et les femmes, qui subissent une "double discrimination" de genre et de handicap.

Les associations demandent notamment aux pouvoirs publics des statistiques de l'emploi genrées pour pouvoir établir "une cartographie précise des difficultés".

En 2017, le handicap est passé en première position, devant l'origine, des motifs de saisine du Défenseur des droits pour des faits de discrimination.

Concernant la formation, il faut qu'une "part non-négligeable soit réservée aux personnes handicapées dans le PIC", le plan d'investissement dans les compétences qui prévoit 15 milliards d'euros sur cinq ans pour la formation d'un million de demandeurs d'emploi et un million de jeunes décrocheurs, plaide Marc Desjardins, président du Fonds d'insertion pour les personnes handicapées dans le secteur public (FIPHFP).

"Pour lutter efficacement contre le chômage, il faut multiplier les solutions d'accompagnement, les expérimentations comme les territoires zéro chômeur, ouvrir les formations mais aussi faire la prévention de la désinsertion professionnelle", insistent les associations.

Car si près d'un million de personnes handicapées sont actuellement en emploi, un chiffre qui a doublé en 10 ans, deux millions de personnes risquent de perdre le leur pour raisons de santé.

En octobre, le gouvernement a annoncé lors d'un Comité interministériel sur le handicap des mesures spécifiques d'accompagnement expérimental renforcé des demandeurs d'emploi handicapés par Pôle emploi dans 13 sites pilotes.

Cet été, il a signé une convention avec les entreprises adaptées, destinées aux personnes qui ont des difficultés dans le milieu dit "ordinaire", pour doubler d'ici à 2022 les embauches et passer à 80.000 employés.

Simplification de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapées et de leur offre d'accompagnement, concertation sur la scolarisation des enfants handicapés, réforme de la santé au travail: d'autres chantiers ont été lancés au cours des derniers mois.

"Tout est mis sur la table, on attend maintenant les engagements. Cela réduira-t-il le chômage l'année prochaine?", conclut M. Rochon.

jlo/lum/cb