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portrait actualisé après la victoire de Tokaïev

NUR-SULTAN (awp/afp) - Tout au long de sa carrière politique, il a privilégié la loyauté aux ambitions personnelles. Kassym-Jomart Tokaïev, élu dimanche président du Kazakhstan, s'installe à la tête de ce pays d'Asie centrale avec la promesse de poursuivre la voie tracée par son mentor, Noursoultan Nazarbaïev.

A 66 ans, M. Tokaïev avait remplacé par intérim en mars à la tête de ce vaste pays l'indéboulonnable Nazarbaïev, après l'annonce à la surprise générale de sa démission après trois décennies au pouvoir. Celui qui était alors président du Sénat a aussitôt convoqué une présidentielle anticipée.

Investi peu après comme candidat avec le soutien de son mentor, il faisait peu de doutes qu'il serait le nouveau président d'un pays qui n'a connu aucune élection jugée libre ou équitable par les observateurs internationaux.

"Je suis sûr qu'il sera un dirigeant digne", a estimé M. Nazarbaïev en avril lors du congrès du parti au pouvoir Nour-Otan en adoubant son successeur. Président, M. Tokaïev n'aura certes pas un rôle uniquement symbolique, mais M. Nazarbaïev restera une personnalité incontournable de la politique kazakhe, où il a conservé des fonctions clés.

Diplomate chevronné, M. Tokaïev est né au Kazakhstan en 1953 dans une famille de l'intelligentsia soviétique. En 1975, il sort diplômé du prestigieux institut d'Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO).

Il commence ensuite une carrière de diplomate qui fera de lui une personnalité politique de premier plan après l'indépendance du Kazakhstan en 1991. Il est nommé à deux reprises ministre des Affaires étrangères, ainsi que Premier ministre de 1999 à 2002.

Mais c'est son poste de président du Sénat qui exprime le mieux la confiance que lui accorde Noursoultan Nazarbaïev. Kassym-Jomart Tokaïev a occupé cette fonction à deux reprises, de 2007 à 2011 puis à partir de 2013 jusqu'au départ de Noursoultan Nazarbaïev.

Selon la Constitution kazakhe, c'est alors à lui d'assurer l'intérim pour la succession du chef de l'Etat.

Homme de l'ombre

Maîtrisant le chinois et l'anglais, en plus du russe et du kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev a également été directeur général de l'Office des Nations unies à Genève entre 2011 et 2013, devenant le premier citoyen kazakh à occuper un poste aussi élevé dans une organisation internationale.

Ces dernières années, il a essayé de corriger son image d'homme de l'ombre peu connu du grand public, par exemple en devenant un utilisateur actif du réseau social Twitter. L'un de ses récents tweets le montrait par exemple serrant la main d'un populaire chanteur kazakh.

Depuis son arrivée à la tête de l'Etat en mars, il a également cherché à se construire une image publique de dirigeant, accueillant par exemple le président sud-coréen Moon Jae-in ou rencontrant à Moscou son allié Vladimir Poutine. Ses voyages à travers le pays bénéficient d'une large couverture des médias d'Etat.

Ses marques répétées de loyauté à l'égard de l'ex-président Nazarbaïev et son attitude solennelle lui ont pourtant valu d'être critiqué pour son manque de charisme.

L'opposant en exil et ancien ministre de l'Energie Moukhtar Abliazov, condamné pour détournements de fonds au Kazakhstan, avait ainsi un jour comparé M. Tokaïev à un meuble, qui "émet un grincement lorsqu'on le déplace".

Mais M. Tokaïev est sans doute l'homme le mieux informé des volontés de Noursoultan Nazarbaïev. En juin dernier, il avait estimé au cours d'une interview pour la BBC que l'homme fort du Kazakhstan ne briguerait pas de nouveau mandat, ce qui avait alerté les observateurs sur une possible succession.

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