PARIS (awp/afp) - Mitraillé par l'opposition qui dénonce "l'incompétence" de l'exécutif, Emmanuel Macron a dû écourter son week-end de ski samedi et Edouard Philippe a promis une "totale fermeté" face aux dégâts commis sur les Champs-Elysées lors de l'acte 18 des "gilets jaunes".

Le chef de l'Etat est attendu vers 22H30 à la cellule de crise du ministère de l'Intérieur où il devrait faire le point d'une journée de violences qui renvoie aux scènes qui avaient émaillé de précédents épisodes des "gilets jaunes" qui sont nombreux à rejeter ces incidents.

Précédent le président, le chef du gouvernement s'est rendu en bas des Champs-Elysées dans l'après-midi pour apporter son "soutien le plus grand" aux forces de l'ordre, alors que des magasins étaient pillés et incendiés plus haut sur la "plus belle avenue du monde".

Des propos qui font échos à ceux d'Emmanuel Macron qui avait déclaré le 26 février qu'il fallait "maintenant dire que lorsqu'on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire".

Il a affirmé "l'objectif de totale fermeté" du gouvernement contre "plusieurs milliers de personnes très déterminées, qui sont là pour créer le désordre". Ils a estimé que "ceux qui excusent ou qui encouragent" ces actes "inacceptables" s'en rendent "complices".

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé l'action de "professionnels de la casse et du désordre". "Quelques démagos irresponsables vont les défendre tandis que les Français les exècrent", a abondé Richard Ferrand, président LREM de l'Assemblée nationale.

"Mettre fin à l'impuissance de l'État"

Certains "gilets jaunes" dénoncent une volonté de discréditer et de réprimer le mouvement qui demande depuis quatre mois davantage de justice sociale et fiscale.

Le 6 mars, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a tout de même réclamé à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières commises lors de la crise des "gilets jaunes", s'attirant une sèche réplique de Paris qui lui a dit ne pas l'avoir "attendue".

Thierry Paul Valette, fondateur de Gilets jaunes citoyens et candidat aux élections européennes a dit se désolidariser "de ces actes de violence d'une extrême gravité", tout en demandant une "concertation en urgence vers une sortie de crise" avec Emmanuel Macron.

"La ligne que défend M. Macron" est celle " qui a exacerbé les tensions, qui a creusé les inégalités, qui a finalement mis le feu au poudre d'un mouvement qui aujourd'hui ne s'interrompt pas", a estimé Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a demandé à être reçue par le Premier ministre "afin d'évoquer avec lui les mesures qu'il envisage de prendre pour sortir de la crise et protéger Paris".

Du côté des Verts aussi, Julien Bayou, porte-parole d'EELV a estimé sur BFMTV que "Christophe Castaner n'a pas le niveau pour ce poste. On a un problème Castaner, c'est tout simplement irresponsable et très dangereux d'attiser et de provoquer les +gilets jaunes+".

L'opposition de droite à tiré toute la journée à boulets rouges sur l'exécutif, fustigeant "l'incompétence" d'Emmanuel Macron dont les photos sur les pistes de ski à la Mongie tournaient en boucle dans les médias.

"Paris entre la main des casseurs, Emmanuel Macron fait du ski... Jamais un président n'a eu un tel comportement ! Mais quelle honte", a tweeté Nadine Morano.

"Un samedi de plus de casseurs en liberté sur la +plus belle avenue du monde+. Un samedi de plus de violences qu'on laisse dégénérer au coeur de notre capitale. Jusqu'à quand @EmmanuelMacron, @EPhilippePM ? Il est temps de réagir. Il est temps d'agir", a twitté le chef des Républicains Laurent Wauquiez.

François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR pour les élections européennes a appelé à "mettre fin à l'impuissance de l'État" car "il est inacceptable de voir que le gouvernement n'arrive pas à maintenir l'ordre dans notre pays".

"Personne ne peut croire que les moyens nécessaires à la sécurité ont été mis. Si la loi anticasseurs, votée au Parlement, n'était pas bloquée par @EmmanuelMacron on serait plus efficace!", a fait valoir le centriste (UDI) Christophe Lagarde.

"Les Black Blocs détruisent, brûlent, violentent toujours en toute impunité", a lancé Marine Le Pen sur Twitter.

Un tir de barrage qui a fait monter au créneau Aurore Bergé, députée LREM et porte-parole du parti présidentiel pour défendre Emmanuel Macron qui "est sept jours sur sept et 24h/24h au travail".

"Le Président a fait un choix de rentrer dès ce soir au regard de la gravité de ce qu'il s'est passé". "Il n'y a pas d'incapacité du pouvoir", a-t-elle dit.

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