Actualise avec confirmation de la rencontre

SÉOUL (awp/afp) - Donald Trump a réussi son pari: Kim Jong Un a accepté dimanche son invitation de dernière minute à le rencontrer à la frontière entre les deux Corées, dans l'espoir de relancer le processus de rapprochement avec le régime frappé par des sanctions internationales.

La rencontre ne suffira probablement pas à régler le délicat dossier nucléaire nord-coréen. Mais le symbole est important pour deux pays qui se menaçaient mutuellement d'annihilation il y a encore un an et demi: jamais un président américain n'a rencontré le plus haut responsable nord-coréen à la frontière la plus emblématique de la guerre froide.

Arrivé samedi soir en Corée du Sud, le président américain doit se rendre en début d'après-midi sur la Zone démilitarisée (DMZ), le no man's land qui sépare les deux Etats depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53). Avant son arrivée, il avait adressé via Twitter une invitation surprise à Kim Jong Un à venir lui dire "bonjour".

Quelques heures avant la visite, prévue à partir de 05H00 GMT, on ignorait encore si M. Kim se rendrait ou non au rendez-vous.

"Il en a très envie", avait assuré Donald Trump, précisant que le président sud-coréen Moon Jae-in l'accompagnerait quoi qu'il arrive à la frontière. "Ce sera très court mais ça ne fait rien. Une poignée de mains signifie beaucoup".

Lors d'une conférence de presse conjointe avec son hôte, M. Moon a finalement annoncé que la poignée de mains très attendue aurait bien lieu.

"Les dirigeants des Etats-Unis et de la Corée du Nord vont se serrer la main pour la paix à Panmunjom, le lieu symbole de la division", a déclaré M. Moon, en référence au village où l'armistice de 1953 a été signé.

"Nous allons dans la Zone démilitarisée (DMZ) et je vais rencontrer le président Kim. Je m'en réjouis beaucoup", a déclaré ensuite Donald Trump.

Il s'agira du troisième sommet entre les deux hommes depuis leur rencontre historique de Singapour en juin 2018 et la rencontre ratée de Hanoï en février.

M. Trump avait à l'idée de devenir le premier président américain en exercice à fouler le sol du régime stalinien, et entrer une fois de plus dans l'Histoire.

Kim Jong Un lui-même avait traversé la frontière l'an dernier lors de son premier sommet sur la DMZ avec son homologue sud-coréen. "Je serais très à l'aise de le faire, cela ne me poserait aucun problème", a affirmé Donald Trump lui-même samedi.

"Suspension" contre démantèlement?

De l'avis des experts, la rencontre ne devrait pas suffire à résoudre le délicat dossier de la dénucléarisation de la Corée du Nord, sur lequel achoppe le rapprochement avec Washington. L'administration Trump exige que Pyongyang renonce définitivement à son programme nucléaire avant d'envisager une levée des sanctions internationales, ce que le Nord refuse.

"Si cet événement s'était produit il y a plus d'un an, il aurait pu être considéré comme une percée psychologique", souligne le chercheur américain Joshua Pollack, du Middlebury Institute of International Studies.

"Mais maintenant? Une rencontre pour les caméras et sans ordre de jour ne fera rien pour effacer un an d'illusions et de déceptions", a-t-il estimé sur Twitter.

Pour relancer les négociations, il faudrait "autre chose qu'une lettre d'une page et une nouvelle poignée de mains", estime l'expert, en référence aux échanges épistolaires entre MM. Kim et Trump.

Selon Harry J. Kazianis, spécialiste de la Corée au Center for the National Interest, un centre de réflexion washingtonien, Donald Trump pourrait toutefois mettre à profit sa visite dans la péninsule pour offrir de "suspendre" une partie des sanctions onusiennes, en échange du démantèlement total de Yongbyon, le principal centre d'essais nucléaires du Nord.

"Une telle formulation donnerait à Pyongyang l'incitation économique dont il a besoin pour ranimer son économie, tout en donnant à Trump une grande victoire diplomatique au moment où les tensions montent dans le monde entier, que ce soit avec les alliés ou les ennemis des Etats-Unis", observe-t-il.

A l'exception de George Bush père, tous les présidents américains ont effectué une visite chargée de symboles sur la DMZ. Donald Trump aurait dû sacrifier à la tradition lors d'une première visite en Corée du Sud en 2017, mais le brouillard avait empêché son hélicoptère d'atterrir.

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