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Ajoute déclarations voyagistes français, visite du Premier ministre Chahed au président

TUNIS (awp/afp) - Il n'y a "pas de vacance" du pouvoir en Tunisie, a assuré vendredi la présidence, au lendemain du grave malaise du chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi, qui accentue les incertitudes politiques pour cette jeune démocratie à quelques mois d'échéances électorales majeures.

Le plus vieux chef d'Etat au monde (92 ans) après la reine d'Angleterre a été hospitalisé jeudi dans un état "critique", selon la présidence, le jour même où Tunis était le théâtre d'un double attentat suicide contre la police revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI). Un policier a été tué et huit autres personnes blessées dans ces attaques ayant fait ressurgir le spectre de la violence jihadiste.

"Nous avons un président, il n'y a pas de vacance constitutionnelle", a affirmé Noureddine Ben Ticha, un des conseillers de M. Essebsi, sur la radio privée Express FM.

"Son état de santé s'améliore", a déclaré la porte-parole de la présidence, Saïda Garrach, sur la radio publique tunisienne, assurant que le président devrait sortir "prochainement" de l'hôpital.

Selon son parti Nidaa Tounes, le président a reçu vendredi son fils Hafedh, chef du parti, et le Premier ministre Youssef Chahed, pour évoquer "la situation générale dans le pays" et "sa santé".

Des informations alarmistes avaient circulé à la suite de l'annonce d'un "grave malaise" et de l'hospitalisation de M. Essebsi. "La situation du président est critique" mais "stable", avait ensuite indiqué un conseiller, Firas Guefrech.

Inquiétude

Cette hospitalisation a déclenché l'inquiétude des Tunisiens.

"J'espère qu'il va revenir en bonne santé le plus rapidement possible parce que son absence en cette période difficile va pousser le pays vers le chaos", a dit à l'AFP un quadragénaire tunisois, Ibrahim Chaouachi.

Pionnière des Printemps arabes de 2011, la Tunisie a poursuivi sur la voie de la démocratisation ces huit dernières années, malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et les attaques jihadistes.

Mais cette démocratie reste fragile et une absence prolongée du président entraînerait une période d'incertitude, notamment à l'approche des législatives puis de la présidentielle en fin d'année.

En vertu de la Constitution, il revient à la Cour constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et, selon sa nature --absence définitive du chef de l'Etat ou temporaire-- de confier l'intérim au président du Parlement Mohammed Ennaceur, 85 ans, dans le premier cas ou au Premier ministre dans le deuxième.

Mais, huit ans après la révolution, les partis ne sont toujours pas parvenus à s'entendre pour mettre en place cette Cour.

"On travaille, on se balade"

Vendredi, le policier tué la veille dans l'attentat sur l'avenue Bourguiba, en plein coeur de Tunis, a été enterré en présence d'une foule venue lui rendre hommage.

"La plupart" des huit personnes blessées dans le double attentat sont "dans un état stable", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiène Zaag, selon qui deux sont en "surveillance constante".

L'un des kamikazes a été identifié et les investigations sont en cours pour établir ses liens avec une organisation extrémiste, a-t-il ajouté, sans plus de détails.

Un très important dispositif de sécurité est toujours déployé vendredi aux alentours du ministère de l'Intérieur, situé sur l'avenue Bourguiba.

Presque tous les commerces ont néanmoins rouverts et des touristes arpentaient la médina voisine.

"Les terroristes veulent nous faire peur, mais nous on dit +non+, on travaille, on se balade", a souligné Rached Mamlouk, employé de la librairie Al Kitab, une institution de l'avenue Bourguiba.

Jeudi, le ministre du Tourisme René Trabelsi a clamé que tous les lieux touristiques restaient ouverts, se disant confiant pour la saison. "L'effet d'annonce fait mal. Mais les pays étrangers connaissent le travail exceptionnel de la Tunisie pour combattre le terrorisme".

Un syndicat de quelque 70 tour-opérateurs français, le Seto, a indiqué à l'AFP ne pas avoir "enregistré d'annulations" de voyages en direction de la Tunisie.

Il n'y a "pas d'annulations, juste des questions", selon Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui représentent les agences de voyage françaises.

L'enjeu est majeur pour la Tunisie: huit millions de touristes sont attendus en 2019, après des années de marasme liée à l'insécurité.

Après le soulèvement en 2011, le pays a été confronté à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

La sécurité s'est beaucoup améliorée depuis, même si l'état d'urgence est en vigueur depuis 2015.

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