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Actualiser avec exercices militaires, déclarations du pape, soutien d'Israël à Guaido et éléments de couleur

CARACAS (awp/afp) - Les partisans du président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, distribuaient dimanche sa loi d'amnistie aux soldats pour les convaincre de se rallier à lui, tandis que le président élu Nicolas Maduro, inflexible, supervisait des exercices militaires.

Nicolas Maduro est apparu à la télévision pour diriger ces manoeuvres au Fort Paramacay (nord du pays), et les images ont montré des chars alignés et des soldats enchaînant les séances de tirs.

"Genou à terre pour combattre le coup d'Etat, je le dis à toutes les forces armées bolivariennes: union maximale, discipline maximale, cohésion maximale", a-t-il lancé avant le début des exercices.

Peu avant, le dirigeant socialiste a rejeté l'ultimatum lancé par plusieurs pays européens lui donnant huit jours pour convoquer des élections, les appelant à le "retirer": "Personne ne peut nous donner d'ultimatum" et le Venezuela n'est "pas lié" à l'Europe, a-t-il affirmé dans un entretien à la chaîne CNN Turk.

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont exigé samedi la convocation d'élections sous huit jours, faute de quoi ils reconnaîtront le chef du Parlement et président autoproclamé Juan Guaido, membre de l'opposition de droite, comme président.

De son côté, le pape François a demandé dimanche une "solution juste et pacifique pour surmonter la crise, en respectant les droits de l'homme".

Au même moment, Juan Guaido assistait à Caracas à une messe en hommage aux prisonniers politiques et opposants en exil, ainsi qu'aux 29 personnes tuées lors de cette semaine de mobilisation, qui s'est aussi soldée par plus de 350 arrestations.

Il doit annoncer ensuite la date de la prochaine manifestation, prévue d'ici quelques jours.

"Nous allons continuer jusqu'à parvenir à la fin de l'usurpation, à un gouvernement de transition et des élections libres", a assuré samedi le jeune opposant, âgé de 35 ans.

Fissurer la loyauté de l'armée

Encouragé par la désertion samedi d'un attaché militaire vénézuélien à l'étranger, M. Guaido a demandé à ses partisans de distribuer, via les réseaux sociaux ou en version imprimée, la loi d'amnistie promise aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir.

Des copies de cette loi, qui offre "toutes les garanties constitutionnelles" aux militaires et civils qui "collaborent à la restitution de la démocratie", ont commencé à être remises dans la matinée à différents postes de police et de l'armée.

Certains militaires ont toutefois brûlé le document sous les yeux des opposants, ont témoigné à l'AFP des habitants.

"Nous leur distribuons car nous luttons pour que l'armée se mette du côté du peuple qui demande des élections libres. S'ils la brûlent, c'est leur problème, nous, nous ne voulons pas de violence", a confié le député d'opposition Ismael Leon.

L'objectif de Juan Guaido? Fissurer la loyauté de l'armée, principal soutien de Nicolas Maduro depuis son arrivée au pouvoir en 2013.

Ce dernier l'a bien compris et a lancé dimanche une mise en garde aux soldats: "Etes-vous des pustchistes ou respectez-vous la Constitution? (...) Traîtres jamais, loyaux toujours!"

Des dissensions commencent toutefois à apparaître. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a annoncé samedi qu'il ne reconnaissait plus Nicolas Maduro comme président légitime et exhorté ses "frères militaires" à soutenir Juan Guaido.

Avalanche de soutiens

"Le monde est avec le Venezuela", a résumé sur Twitter le député d'opposition Julio Borges, en exil en Colombie.

Car samedi, des Etats-Unis et d'Europe, l'avalanche de soutiens à Juan Guaido n'a pas arrêté: à l'ONU, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a demandé à tous les pays d'"être aux côtés des forces de liberté" et souhaité qu'ils mettent "fin à leurs transactions financières avec le régime de Nicolas Maduro".

Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que son pays reconnaissait le "nouveau pouvoir" au Venezuela, incarné par Juan Guaido.

Mais Caracas garde des soutiens à l'étranger, notamment la Russie, qui a exigé "la fin" d'"une ingérence cynique et non-dissimulée dans les affaires d'un Etat souverain".

Dans son camp se trouvent aussi la Chine, la Corée du Nord, la Turquie, le Nicaragua et Cuba notamment.

Le chef de file de La France insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, a déclaré dimanche, sur la chaîne France 3, souhaiter que Nicolas Maduro "tienne".

Ce dernier continue d'accuser Washington d'agir en coulisses de ce qu'il considère comme un coup d'Etat et a rompu immédiatement les relations diplomatiques.

Mais il veut garder un minimum de relations et négocie avec eux l'ouverture de "sections d'intérêts" dans chaque pays, a-t-il annoncé alors qu'expirait le délai de 72 heures qu'il avait donné au personnel de l'ambassade américaine pour quitter le Venezuela.

Interrogé par l'AFP, le département d'Etat américain n'a pas confirmé ces discussions mais a précisé qu'il "ne prévoit pas de fermer l'ambassade" car "le président par intérim Guaido a invité la mission américaine à rester au Venezuela".

bur-ka/agr