PARIS (awp/afp) - Quatre mois après une panne de signalisation qui avait provoqué une pagaille monstre pendant trois jours à Paris-Montparnasse, un nouveau problème technique a provoqué dimanche l'interruption totale du trafic dans cette gare très fréquentée, exaspérant les voyageurs.

La panne, qui a débuté vers 13H30, est due à une "perte de télécommande des installations de sécurité" qui empêche de "faire les itinéraires nécessaires et l'ouverture des signaux", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la SNCF, sans pouvoir dire quand le problème serait réglé.

"Tous les techniciens de réseau sont mobilisés sur cette affaire-là, ils sont à pied d'oeuvre sur la panne, et on mobilise un maximum d'agents pour l'accueil, l'information en gare Montparnasse", a-t-il assuré.

Vers 15H30, le hall de la gare était bondé de voyageurs, valises au pied et yeux rivés sur leurs téléphones portables pour avertir leurs proches de leur retard ou trouver une solution de repli.

- Colère, impatience et inquiétude -

Les bornes automatiques étaient prises d'assaut pour échanger les billets, et les agents d'accueil de la SNCF étaient assaillis de questions par des voyageurs partagés entre colère, impatience et inquiétude.

Une longue file d'attente se formait devant le guichet d'information central.

"Il y a un train demain (lundi) matin, mais pour 300 euros!" s'agace Sébastien Cazareth, qui travaille à Bordeaux. Prévenu de la panne 40 minutes avant le départ de son train, il cherche avec sa compagne à louer une voiture.

Chantal Lucas, 73 ans, confie sa "peur de rester là une partie de la soirée à (se) geler sans boire ni manger". Elle va chercher des amis pour l'héberger, "sinon ce sera l'hôtel". "C'est très, très décourageant comme situation. On ne sait pas du tout quand ça va repartir", souffle-t-elle.

Les messages affluaient aussi sur Twitter, des voyageurs demandant des renseignements ou fustigeant les pannes à répétition touchant ce noeud du trafic ferroviaire.

"Bloqué à Paris Gare Montparnasse comme des milliers de voyageurs ... que se passe-t-il?" a notamment écrit l'ancien ministre Stéphane le Foll, député de la Sarthe.

La SNCF demande "aux voyageurs de repousser leur voyage", a déclaré le porte-parole, indiquant que toutes les annulations et remboursements se feraient "sans frais et pendant un mois".

Tous les trains (TGV, Transiliens, TER et Intercités) étaient concernés dimanche.

La SNCF pouvait toutefois assurer des liaisons vers Nantes, Bordeaux et Rennes à partir de la gare d'Austerlitz et à raison d'un train par heure aller-retour, selon le porte-parole. Au-delà de Rennes et Bordeaux, les correspondances pourront se faire par TER.

D'après le porte-parole, la panne doit concerner "75% du trafic TGV" habituel à Montparnasse.

En raison de la panne, les Transiliens, TER et les Intercités ne pouvaient partir et arriver qu'à la gare de Versailles-Chantier.

- Un réseau vieillissant -

Cet incident n'est pas le premier qui touche la gare de Paris-Montparnasse: une panne de signalisation, dans l'alimentation électrique d'un poste d'aiguillage à Vanves (Haut-de-Seine), avait déjà provoqué trois jours de pagaille fin juillet, en plein chassé-croisé estival, pénalisant des dizaines de milliers de voyageurs.

Le porte-parole de la SNCF a affirmé à l'AFP que cette nouvelle panne ne s'apparentait pas à celle de cet été, sans plus de détails.

Face à l'urgence des besoins de maintenance et de modernisation d'un réseau ferroviaire vieillissant, un rapport remis quelques jours après la panne de l'été contenait neuf recommandations devant être "engagées avant fin 2017" et portant sur l'infrastructure, le plan de continuité du service et l'information aux voyageurs.

La ministre des Transports, Élisabeth Borne, avait demandé à la SNCF de se pencher en particulier sur la "révision des règles de gestion du trafic" pour permettre une meilleure reprise des circulations en cas d'incident et sur un "calendrier précis d'amélioration du système d'information des voyageurs pour le rendre plus réactif et plus cohérent".

Le Premier ministre Édouard Philippe avait demandé "pour des raisons de sécurité" de "consacrer beaucoup plus de moyens à l'entretien des réseaux existants". Trois milliards d'euros par an doivent être investis pour rénover le réseau, selon Mme Borne.

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