ISLAMABAD, 5 novembre (Reuters) - Twitter a suspendu dimanche le compte d'un dignitaire pakistanais ultra-religieux, à la suite de propos incendiaires qui ont visé l'appareil judiciaire, le Premier ministre et l'armée après l'acquittement de la chrétienne Asia Bibi, qui avait été condamnée à mort pour blasphème, a déclaré lundi le gouvernement.

Le Tehreek-e-Labbaik (TLP), le parti que préside le dignitaire en question, Khadim Hussain Rizvi, a bloqué les principales artères des plus grandes villes du Pakistan pendant trois jours, la semaine dernière, et a adressé des menaces aux juges de la Cour suprême qui avaient acquitté Asia Bibi mercredi.

Cette chrétienne a passé huit ans dans le couloir de la mort avant que la Cour suprême ne casse sa condamnation et n'ordonne sa libération.

"Nous avons adressé une demande à Twitter, stipulant que son compte incitait à la haine et à la violence", ont dit à Reuters deux hauts responsables des services de télécommunications pakistanais.

Le TLP a condamné la suspension du compte Twitter de Rizvi, parlant d'un "complot des opposants à la protection du prophète et de l'islam". Un deuxième compte créé dimanche a été suspendu lui aussi peu après.

Le TLP a mis fin à ses manifestations vendredi soir, à la suite de négociations avec le gouvernement et la conclusion d'un accord ouvrant la voie à une révision de la décision de la Cour suprême, accord qui pourrait permettre, aussi, de placer le nom d'Asia Bibi sur une "liste de contrôle des sorties", ce qui l'empêcherait de quitter le pays.

On ignore où se trouve la chrétienne acquittée, mais les islamistes ont mis en garde les autorités contre son exfiltration à l'étranger. "S'ils envoient Asia à l'étranger, ce sera la guerre", a prévenu Rizvi après la conclusion de l'accord. (Asif Shahzad et Saad Sayeed; Eric Faye pour le service français)