L'action Ubisoft a été chahutée en bourse en début de semaine (-5,7% sur les deux dernières séances), après les rumeurs de gel des autorisations de commercialisation en Chine. Mais la situation n'est peut-être pas aussi pénalisante que semble le redouter le marché, explique Timothy O'Shea, qui suit le secteur chez Jefferies.
Le fait est que la Chine n'a accordé aucune licence nouvelle dans le jeu vidéo au cours des quatre derniers mois. C'est exact, mais cela concerne uniquement le mobile. Pékin réorganise actuellement sa régulation en rapprochant deux agences, ce qui semble expliquer l'attentisme. Dans ce contexte, Ubisoft est effectivement au nombre des sociétés à risque, puisque le groupe d'Yves Guillemot a de grandes ambitions en Chine. O'Shea ne voit pourtant pas de raisons de paniquer. "C'est un non-événement, puisque le processus d'approbation en Chine reste assez subjectif et chronophage", explique-t-il.
Un seul processus à l'arrêt
Pour être commercialisé, un titre doit décrocher deux licences. L'une pour les contenus et l'autre pour la monétisation. C'est seulement le second processus qui est actuellement à l'arrêt. La trame pour les contenus reste inchangée : pas de sang, pas de squelettes et pas d'éléments antichinois, en substance. L'administration est en outre en train de déployer un système d'autorisation rapide, qui pourrait simplifier l'ensemble. Un jeu éligible n'aurait plus qu'à subir un mois de tests.
Une manne considérable
Cela dit, le spécialiste de Jefferies n'exclut pas de se tromper. Si tel était le cas et que la réglementation se durcissait, le secteur disposerait encore d'un panel de solutions (nouveau système de notation, limitation des dépenses, contrôle parental… etc.). Pour Ubi, qui pense que la Chine peut devenir son second marché sous cinq ans (dépassant le Royaume-Uni, 7% de son revenu annuel actuel), l'enjeu reste important et explique sans doute le mouvement de recul de l'action en début de semaine.
Dans le cadre du partenariat du Français avec Tencent, les premiers jeux PC pourraient être lancés cette année (Rainbow Six Siege par exemple), mais les jeux mobiles ne sont pas attendus avant l'exercice 2019/2020. A terme, tous les titres maison devraient être sortis en Chine. O'Shea attribue une prime aux multiples de valorisation d'Ubi en relation avec cette expansion chinoise, donc un coup dur sur le front de la régulation aurait de l'impact. En attendant, il conseille à ses clients d'acheter l'action en visant 116 EUR.
Consensus de place (Cliquer pour agrandir)
Après la solide progression du titre depuis plusieurs trimestres, les avis des analystes se sont modérés. L'objectif de cours moyen laisse entrevoir un petit potentiel par rapport aux niveaux actuels (voisins de 91 EUR). 6 analystes sur 14 ont une opinion positive.
Ubisoft Entertainment figure parmi les leaders mondiaux du développement et de l'édition de jeux vidéo interactifs destinés aux consoles, aux PC, aux smartphones et aux tablettes. Le CA par activité se répartit comme suit :
- distribution de jeux vidéo (57,5%) ;
- édition et production de jeux vidéo (42,5%).
Le CA par source de revenus se ventile entre ventes de jeux vidéo en ligne (86,3%), de boîtes de jeux vidéo (7,6%), de services (4,7% ; notamment services de livraison digitale ou physique de contenus, services de mises à jour, de correction, d'amélioration et de maintenance) et de licences (1,4%).