Lausanne (awp/ats) - Le procès d'un ex-employé d'UBS accusé d'avoir vendu des données de clients en Allemagne a débuté mardi après-midi en son absence. Malgré deux convocations lundi et mardi, l'homme ne s'est pas présenté devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone.

Selon l'acte d'accusation, cet homme âgé de 45 ans aurait livré à l'été 2012 les données de 233 clients au moins aux autorités du land de Rhénanie du Nord-Westphalie. Il aurait reçu en échange une somme de 1,147 million d'euros.

Le Ministère public de la Confédération retient les griefs de service de renseignements économiques qualifié, violation du secret commercial et bancaire et blanchiment d'argent. L'accusé répond aussi de violation sur la loi sur les armes car des munitions interdites ont été trouvées lors d'une perquisition à son domicile.

Epouse absente également

Mardi matin, la femme de l'accusé qui était aussi convoquée devant la cour ne s'est pas présentée non plus. La présidente du Tribunal pénal fédéral a expliqué que la police argovienne ne l'a pas trouvée à son domicile et qu'elle n'a pas pu être atteinte par téléphone.

L'audition de deux employées d'UBS ne s'est pas révélée très fructueuse car les faits datent de plus de sept ans. L'ancienne cheffe de l'accusé a donné des indications sur le système informatique et les données papier de la banque ainsi que sur les autorisations d'accès.

Cette femme a indiqué également que l'accusé était souvent entré en conflit avec d'autres collaborateurs. Malgré un coaching, son comportement à l'égard de certains collègues était demeuré problématique jusqu'à la fin. La deuxième personne entendue était chargée de démasquer le voleur de données. Elle a donné des informations détaillées sur l'enquête interne menée à l'époque.

Huis clos

La cour a également interrogé l'experte psychiatre auteure d'un rapport sur l'ancien employé de banque. Son audition s'est tenue à huis clos.

Selon l'acte d'accusation, l'employé de banque a rassemblé des données de clients sur son lieu de travail entre 2005 et 2012. Il aurait fouillé aussi bien le système informatique que la documentation papier, se concentrant sur des fondations servant d'écrans aux titulaires de compte en Suisse.

En se basant sur ces informations, les autorités allemandes ont mené dès la mi-novembre 2012 des procédures contre 233 clients au moins d'UBS. Ces personnes se sont ensuite adressées à la banque. Des particularités dans les données livrées ont amené les enquêteurs suisses à s'intéresser à l'accusé qui était le seul à détenir certaines informations.

Berlin fait la sourde oreille

Lorsque le Ministère public de la Confédération a demandé à son tour des informations aux autorités allemandes concernant un compte détenu par le suspect dans une petite banque outre-Rhin, il n'a d'abord pas obtenu de réponse. Ce n'est qu'après de multiples démarches que les autorités d'accusation ont reçu un courrier de Berlin indiquant que l'entraide judiciaire était refusée car la demande suisse pouvait mettre en danger les intérêts supérieurs de l'Allemagne.

C'est sur ce compte ainsi que sur un autre que l'accusé était rémunéré pour sa collaboration. Cet argent lui aurait permis de s'acheter une maison à Majorque qu'il aurait revendue un an plus tard. Selon le Ministère public, cette transaction était censée camoufler l'origine des fonds.

Durant leur perquisition chez le suspect, les enquêteurs n'avaient pas trouvé le moindre indice relatif à ses comptes bancaires allemands ou à sa maison de Majorque. C'est une fouille de la voiture de sa mère qui les a mis sur la piste de ces avoirs: le coffre renfermait des documents enroulés dans une couverture donnant des informations sur la maison.

L'audience se poursuit mercredi. (cause SK. 2016.34)

ats/rp