Zurich (awp) - Le futur directeur de la grande banque UBS, Ralph Hamers, est un dirigeant reconnu pour le virage numérique qu'il a opéré à la tête de l'établissement ING, son actuel employeur. Le groupe bancaire néerlandais a subi une véritable transformation sous la houlette du successeur de Sergio Ermotti, affirment certains observateurs jeudi.

Agé de 53 ans, M. Hamers a été fidèle à ING ces 29 dernières années. Il a occupé diverses fonctions dirigeantes, notamment comme chef de marché en Roumanie ou en Belgique, avant de prendre les rênes du groupe batave en 2013.

ING Group a connu de profonds changements au cours de l'ère Hamers, notamment l'abandon de l'activité assurance, une décision prise par le dirigeant avant même que celui-ci entre en fonction, mais également un vaste programme de réduction des coûts. Ralph Hamers a hérité en 2013 d'un bateau passablement malmené par la tempête financière de 2008.

Les destins d'UBS et de la banque batave sont d'ailleurs similaires. Tout comme le numéro un bancaire helvétique, ING a dû recourir à l'aide de l'Etat - et donc à l'argent du contribuable - pour sortir de l'ornière après la crise. Une bouée de sauvetage sonnante et trébuchante remboursée jusqu'au dernier centime par ING, en 2014.

Le groupe amstellodamois s'y connait également en matière d'ennuis judiciaires. En 2018, il avait dû s'acquitter d'une amende de 775 millions d'euros (822 millions de francs suisses au cours actuel) à la suite d'un vaste scandale de blanchiment d'argent. C'est bien moins que la douloureuse de 3,5 milliards d'euros infligée l'année dernière par la justice française à UBS pour "démarchage bancaire illégal" et "blanchiment aggravé de fraude fiscale".

Grosse revalorisation salariale

Le bilan de Ralph Hamers ne se résume pas simplement à ces péripéties. Le secteur bancaire le considère comme l'un des fers de lance de la transformation numérique et considère l'établissement néerlandais comme un "exemple en la matière", souligne l'analyste Andreas Venditti, de Vontobel. Ce profil spécialisé a certainement pesé lourd dans la balance au moment du choix du nouveau patron d'UBS, affirme ce connaisseur de l'industrie.

Le successeur de Sergio Ermotti a souvent insisté lors d'interventions publiques sur la nécessité pour les métiers de la banque de s'adapter au nouvel environnement numérique. Lors d'une interview à Finews l'année dernière, il a souligné le rôle incontournable des géants technologiques Facebook, Amazon ou Apple dans ce processus de transformation.

Mais cette nomination ne soulève pas seulement de l'enthousiasme. ING est l'hériter de l'ancienne banque postale néerlandaise, donc traditionnellement tourné vers la clientèle de détail, alors que la gestion de fortune figure parmi les priorités stratégiques d'UBS. Ces deux mondes sont totalement différents.

Quoiqu'il en soit, Ralph Hamers peut s'attendre à une revalorisation salariale conséquente. L'actuel patron ING devrait toucher quelque 2 millions d'euros de salaire au titre de 2019, estiment différents médias. Pour rappel, l'augmentation à 3 millions qu'il s'était octroyé en 2018 avait soulevé un véritable tollé aux Pays-Bas.

A titre de comparaison, les jetons de présence perçus par le président d'UBS Axel Weber - 6 millions - dépassent largement le salaire actuel de Ralph Hamers. Sergio Ermotti a touché 13,8 millions l'année dernière.

Une autre comparatif entre UBS et ING est cette fois en faveur de M. Hamers, à savoir le cours de l'action. Depuis octobre 2013, le titre ING Group est passé de 8,64 à 10,25 euros, soit une envolée de près de 19%. Au cours de la même période, l'action UBS a perdu près de 20% de sa valeur, à 13,20 francs suisses actuellement.

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