Tokyo (awp/afp) - La confiance des grandes entreprises manufacturières japonaises a reculé après cinq trimestres de hausse d'affilée sur fond de regain du yen et de menaces protectionnistes, mais elle reste à un niveau élevé dans un contexte économique favorable.

Selon la dernière enquête Tankan de la Banque du Japon publiée lundi, indicateur important de l'état d'esprit du monde des affaires, le moral de ces sociétés ressort à +24, contre +26 précédemment sur des critères comparables, la BoJ ayant revu entretemps l'échantillon d'entreprises interrogées.

Ce chiffre est légèrement inférieur aux attentes des économistes du consensus Bloomberg qui s'attendaient à +25.

C'est la première fois en deux ans que ce baromètre fléchit: il avait stagné entre mars et septembre 2016, puis rebondi en décembre de la même année avant d'augmenter lors des trimestres suivants, se hissant en décembre 2017 au plus haut en 11 ans.

"L'appréciation du yen a temporairement ébranlé la confiance des entreprises", a commenté pour l'AFP Takuji Aida, économiste chez UBS à Tokyo.

Les grandes industries japonaises, fortement orientées vers l'étranger, ont été affectées en ce début d'année par un net renforcement du yen, qui érode leur compétitivité et réduit leurs recettes réalisées en dehors de l'archipel une fois converties en devise nippone.

Le dollar, qui valait environ 113 yens début janvier, cotait 106 yens fin mars, avec une chute ponctuelle au-dessous de 105 yens au cours de la période.

L'annonce par le président américain Donald Trump de taxes américaines sur les importations d'acier et d'aluminium a également influé sur la confiance des entreprises du secteur au Japon, avec une chute de 9 points.

- 'Climat solide' -

Globalement cependant, "le climat reste solide, comme en attestent les projets des entreprises d'accélérer leurs investissements dans les usines et l'équipement", a souligné M. Aida.

La Japan Inc est confortée par la solide reprise de la troisième économie mondiale: l'archipel connaît sa plus longue période d'expansion depuis la bulle immobilière et financière de la fin des années 1980 (avec huit trimestres consécutifs de croissance du PIB), même si le rythme est modeste.

Du côté des grandes entreprises non-manufacturières qui regroupent les secteurs des services, l'enquête trimestrielle de la BoJ montre un repli similaire (-2 points, à +23), sur fond de consommation poussive des ménages.

Tous secteurs confondus, le moral des groupes japonais de premier plan décline de trois points (à +23).

Point positif en revanche, les sociétés de taille moyenne enregistrent une légère amélioration (+1 point, à +20), tandis que les plus petites entreprises voient leur confiance stagner (à +11).

L'étude Tankan, menée auprès de plus de 10.000 entreprises de toutes tailles et tous secteurs entre le 26 février et le 30 mars, mesure la différence entre le pourcentage de sociétés qui jugent la situation favorable et celles qui la considèrent défavorable.

Avant la publication de cette enquête, d'autres indicateurs avaient brossé un tableau mitigé.

La production industrielle a progressé de 4,1% en février sur un mois, mais elle avait plongé de 6,8% en janvier, faisant craindre une baisse sur le trimestre. "La perspective grandissante d'un déclin, qui serait le premier en deux ans, suggère que l'économie japonaise perd de son dynamisme et va entrer dans une période morose", pronostique Yasunari Ueno, de Mizuho Securities, dans une note diffusée lundi.

L'inflation s'est quant à elle accélérée à 1% en février, mais elle reste loin de l'objectif de 2% de la banque centrale, tandis que la consommation des ménages peine à décoller. Les chiffres de février sont attendus vendredi: les économistes sondés par Bloomberg prévoient une modeste progression de 0,4% sur un an, après une hausse de 2% en janvier.

afp/rp