Berne (awp/ats) - L'écart salarial entre les revenus les plus élevés et les plus bas continue de se creuser, selon une enquête de Travail.Suisse présentée vendredi. Le syndicat a examiné la situation dans 26 entreprises.

Comparé aux années précédentes, le développement des salaires des managers a été un peu plus modeste en 2017, selon l'analyse. La majorité des membres de la direction des groupes se sont tout de même réjouis de leurs rémunérations.

Depuis 2011, les salaires à l'étage de la direction ont grassement augmenté de 16%, note Travail.Suisse. Les travailleurs "normaux" ont eux dû se contenter d'augmentations salariales de 3,8%.

L'écart salarial moyen dans les entreprises était, en 2011, encore de 1 à 45. Il a augmenté jusqu'en 2017 à 1 à 49, avec un record pour UBS, dont le directeur général Sergio Ermotti gagne 273 fois plus que l'employé de banque le moins bien payé, un écart "indécent" signalé jeudi déjà par le syndicat Unia.

Cette évolution n'est pas une exclusivité des plus grandes entreprises financières et pharmaceutiques, note Travail.Suisse: elle se retrouve dans toutes les branches. Le syndicat cite Valora avec le CEO Michael Müller (de 1:23 à 1:60), Lonza avec son chef Richard Ridinger (de 1:40 à 1:85), Yves Serra de Georg Fischer (de 1:32 à 1:63), ainsi que les autres membres de la direction du groupe de Valora (de 1:12 à 1:28) ou ABB (de 1:64 à 1:87).

Occasion ratée au Parlement

Le Conseil national vient de traiter la révision du droit de la société anonyme, clôturant la mise en oeuvre de l'initiative contre les rémunérations abusives acceptée par le peuple en 2013, rappelle Travail.Suisse. Il a malheureusement manqué une occasion pour lutter efficacement contre les salaires exorbitants des managers, regrette le syndicat.

La transparence restera lacunaire à l'avenir aussi, puisque les rémunérations des membres de la direction des groupes ne doivent pas être indiquées individuellement.

Le contrôle des bonus reste très restreint: lors des assemblées générales, les bonus doivent être approuvés par des votes prospectifs, sans connaissance des prestations fournies ni du cours des affaires.

Les indemnités d'entrée et de départ vont être interdites, mais elles restent possibles en tant que primes d'entrée, compensant ainsi les pertes de bonus à l'avenir de la part de l'ancien employeur. Le maintien de versements du salaire pour des durées excessivement longues, les clauses de non-concurrence et les contrats de prestations de conseil sans transparence restent également possibles.

Enfin, un règlement de la part maximale des bonus par rapport à la rémunération complète est totalement absent, critique Travail.Suisse. Des parts de bonus allant jusqu'à plus de 80% de la rémunération complète restent donc toujours possibles.

Un résultat positif des débats parlementaires sur la révision du droit de la société anonyme est l'introduction de quotas de femmes au sommet des sociétés anonymes, reconnaît Travail.Suisse.

Cette mesure était urgente et nécessaire, selon le syndicat. Dans les entreprises examinées, il existe 213 postes dans les directions. Fin 2017, seuls 14 de ces postes étaient occupés par des femmes, ce qui donne une proportion qualifiée de "honteuse" de 6,7%.

ats/al