Zurich (awp) - Les grandes banques suisses se sont montrées jusqu'ici résilientes face au coronavirus. Après Credit Suisse jeudi, UBS a dévoilé mardi des chiffres trimestriels solides malgré de nouvelles réserves pour risques de crédit. Pour la suite, la direction affiche un optimisme mâtiné de prudence.

Le suspense était moindre pour le numéro un bancaire helvétique, qui avait déjà levé début avril un coin du voile sur sa performance au premier trimestre. Le bénéfice net a atteint 1,60 milliard de dollars, en hausse de 40% sur un an, selon les indications du rapport d'étape. Ce résultat est supérieur aux 1,50 milliard annoncés il y a trois semaines.

Le directeur général Sergio Ermotti a assuré qu'UBS était bien armé pour faire face aux difficultés à venir. Il n'y aura pas de "mesures draconiennes de réductions de coûts", a-t-il promis lors d'une conférence téléphonique.

Depuis mi-mars, UBS a dû se retrousser les manches afin d'octroyer des crédits aux PME suisses affectées par le coronavirus, soit quelque 21'000 transactions de ce type pour un montant de 2,5 milliards de francs suisses. En plus de cet apport de liquidité garanti par la Confédération, la grande banque a prêté 2 milliards supplémentaires à sa clientèle entreprise.

Aux Etats-Unis, la banque aux trois clés a alloué jusqu'à 2 milliards de dollars (1,95 milliard de francs suisses) en crédits d'urgence, suite au lancement du "Paycheck Protection Program".

Les provisions pour risque de défaillance client ont augmenté de 74 millions, sans que cela ne bride la croissance plus que de raison. Les recettes trimestrielles ont bondi de 10% à 7,93 millions de dollars. Les réserves devraient s'avérer suffisantes, a assuré le directeur financier Kirt Gardner.

La gestion de fortune - activité stratégique - n'est pas étrangère à cette envolée avec des revenus en hausse de 14% à un niveau qui n'a jamais été aussi élevé depuis la crise financière, affirme UBS. La collecte d'argent frais a atteint 12 milliards de dollars

Encore des risques

Dans un commentaire, la Banque cantonale de Zurich souligne la qualité des résultats, avec la prépondérance de la gestion de fortune (division Global Wealth Management) sur la banque d'affaires (Investment Banking). Cette dernière n'a cependant pas démérité. La forte volatilité sur les marchés et des volumes élevés ont permis de dégager un résultat avant impôts plus que triplé (+242%).

Dans les affaires de crédit, la situation est moins rose, avec une charge d'intérêt qui a plombé le résultat avant impôts de l'unité Personal & Corporate Banking, en recul de 16% à 322 millions.

Pour 2020, la direction se montre confiante quant à la capacité de la Suisse à absorber le choc de la crise économique causée par le coronavirus. Le plongeon des marchés boursiers va se répercuter négativement sur les recettes de commissions, les taux négatifs continueront à peser sur la performance et la prudence des clients va réduire les revenus tirés des transactions.

Les actifs pondérés aux risques (RWA) ont augmenté de manière significative lors du premier partiel, une tendance qui va persister lors du suivant, prévient UBS.

L'exposition d'UBS au pétrole - dont le cours a dégringolé ces dernières semaines - s'élève à 1,5 milliard de dollars, un niveau 75% inférieur à celui de 2015. En cas de stagnation du prix du baril autour de 10 dollars, une dépréciation de 250 millions serait nécessaire, selon M. Gardner.

L'impact de crise ne justifie pas un ajustement des objectifs à moyen terme, a expliqué Sergio Ermotti, qui s'attend à une normalisation l'année prochaine.

La rémunération des actionnaires demeure une priorité. "Nous avons pris des dispositions pour le paiement du dividende au titre de l'exercice 2020", a lancé M. Ermotti, qui n'a pas souhaité en dire davantage. De plus amples détails seront fournis cet été.

A la Bourse, l'action UBS a terminé en hausse de 7,1% à 10,14 francs suisses, dans un SMI en progression de 1,34%.

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