Il s'agit des premières ventes de sucre indien à Téhéran depuis au moins cinq ans.

En raison des sanctions américaines, rétablies après la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, l'Iran n'a plus accès au système financier mondial et ne peut notamment plus utiliser le dollar américain pour vendre son pétrole. Cargill, Bunge et autres maisons de négoce mondiales ont suspendu leurs accords de fourniture de produits alimentaires à l'Iran.

L'Iran a accepté de vendre du pétrole à l'Inde en roupies, mais ces roupies ne peuvent être utilisées que pour acheter des produits indiens. L'Inde est le deuxième producteur mondial de sucre derrière le Brésil.

Des maisons de négoce se sont engagées à vendre 150.000 tonnes de sucre brut à l'Iran pour livraison en mars et en avril à un prix compris entre 305 et 310 dollars la tonne franco de port, a-t-on indiqué à Reuters cette semaine.

"Les paiements pétroliers se sont accumulés dans la banque UCO (banque indienne publique basée à Calcutta, NDLR). L'Iran souhaite utiliser ces versements pour acheter du sucre et d'autres produits alimentaires", a déclaré sous le sceau de l'anonymat un trader d'une maison de négoce agricole à Bombay.

L'entité qui achète pour l'Etat iranien, la Government Trading Corporation (GTC), a acheté le sucre pour assurer un approvisionnement abondant dans les mois à venir, a déclaré pour sa part un exportateur basé à Bombay. L'Iran achète généralement du sucre au Brésil, premier producteur et exportateur mondial.

L'Iran paie une prime pouvant aller jusqu'à 7 sept dollars par tonne par rapport aux autres acheteurs, parce que les traders anticipent un risque de retard dans les paiements, a déclaré une troisième personne, également basée dans la capitale de l'Etat du Maharashtra.

Ces exportations permettront également à l'Inde de réduire ses stocks de sucre, qui sont très importants. Mais elles pourraient aussi peser sur les prix mondiaux qui ont augmenté de 8,9% cette année. Ils étaient à 13,1 cents la livre lundi.

(Danielle Rouquié pour le service français)

par Rajendra Jadhav

Valeurs citées dans l'article : London Sugar, UCO Bank