La Haye (awp/afp) - Le géant néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques Unilever a été freiné au premier semestre par un mouvement social au Brésil et par une faible inflation, rendant les conditions de marché "difficiles" alors que le groupe s'apprête à effectuer un déménagement historique.

Sur les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a chuté sur un an de 5%, à 26,4 milliards d'euros, et le bénéfice net du groupe s'établit à 3,2 milliards, en baisse de 2,4%, a indiqué Unilever dans un communiqué.

Objet l'an dernier d'une gigantesque offre d'achat par l'américain Kraft Heinz qui a finalement échoué, le groupe a défrayé la chronique en mars en annonçant le déménagement de son siège social de Londres pour Rotterdam avec le Brexit pour toile de fond.

La multinationale de l'agroalimentaire et des cosmétiques, connue notamment pour la célèbre Marmite britannique ou les crèmes glacées Ben & Jerry's, disposait depuis près d'un siècle d'une présence juridique à la fois au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

"Nous prévoyons la mise en oeuvre de la nouvelle Unilever à tête unique vers la fin du mois décembre", a déclaré jeudi Graeme Pitkethly, directeur financier du groupe, qui réunira ses actionnaires en octobre au sujet de la sortie probable de l'indice de Londres.

"Nous avons eu une excellente interaction avec le FTSE au cours de plusieurs réunions, mais il est apparu très clair que nous sommes extrêmement peu susceptibles d'être inclus dans l'indice au moment de l'unification", a indiqué M. Pitkethly.

L'argent de la margarine

Le groupe a en parallèle accompli la première moitié de son vaste rachat d'actions de jusqu'à 6 milliards d'euros qui se terminera à la fin de l'année 2018 pour redistribuer à ses actionnaires le produit de la cession de son activité "margarines", accomplie le 2 juillet.

Unilever avait accepté en décembre de céder cette division historique (Flora, Blue Band, Rama...) pour 6,8 milliards d'euros au fonds américain KKR, "une des transactions les plus complexes et les plus impliquées dans l'histoire" du groupe, confie Paul Polman, directeur exécutif.

Hors margarines, le chiffre d'affaires d'Unilever au deuxième trimestre s'établit à 13 milliards d'euros, en baisse de 4,5%.

Unilever, qui commercialise des marques comme les soupes Knorr, les savons Dove ou encore les déodorants Rexona, maintient ses objectifs malgré des "conditions générales de marché qui restent difficiles", a indiqué Paul Polman.

En raison notamment d'effets de change négatifs, la croissance sous-jacente des ventes, établie à 1,9%, est ressortie en deçà des prévisions des analystes qui attendaient une hausse de 2,2%.

"Nous prévoyons une croissance sous-jacente des ventes de l'ordre de 3% à 5%, une amélioration de la marge opérationnelle sous-jacente et des flux de trésorerie solides. Nous restons sur la bonne voie pour nos objectifs 2020", a souligné M. Polman, se félicitant d'une hausse des volumes dans les trois divisions --"Hygiène personnelle", "Produits d'entretien de la maison" et "Alimentation et boissons"--, notamment dans les pays émergents.

Coup d'arrêt au Brésil

En Amérique latine, les ventes au deuxième trimestre ont été fortement impactées par la grève des chauffeurs routiers Brésil, faisant plonger les ventes d'environ 9% dans ce pays.

"La grève a duré onze jours, et nous étions totalement incapables d'expédier des produits aux détaillants, ou même de pourvoir nos usines de matières premières", a déploré jeudi Graeme Pitkethly, directeur financier.

Après quelques frémissements à l'ouverture de la séance jeudi matin, les investisseurs ne se sont pas laissés déstabiliser par les résultats d'Unilever. Côté à la Bourse d'Amsterdam, le groupe gagnait 0,50% à 47,98 euros en fin de matinée, au sein d'un indice en légère hausse.

"Unilever avait prévenu que le groupe serait impacté par la grève au Brésil, les investisseurs n'ont donc pas été très surpris", analyse Jos Versteeg de la banque d'affaires Theodoor Gilissen.

"Le très bas niveau de l'inflation a également terni les chiffres du groupe, ce qui a laissé très peu de marges aux marques pour hausser les prix", poursuit-il, soulignant qu'Unilever "s'applique à réduire ses dépenses après avoir été lourdement secoué" par l'offre de Kraft Heinz.

afp/rp