CODOGNO (awp/afp) - L'Italie est le premier pays européen à enregistrer des cas mortels de coronavirus parmi ses ressortissants, avec un deuxième décès annoncé samedi, obligeant les autorités à confiner une dizaine de villes du nord du pays pour tenter de contenir la maladie.

Les victimes sont un maçon retraité de 78 ans qui résidait dans un petit village de Vénétie, région voisine de la Lombardie où un autre décès, celui d'une femme âgée, a été annoncé samedi matin. Elles étaient hospitalisées depuis une dizaine de jours pour d'autres affections mais ont été toutes les deux testées positives au nouveau coronavirus.

Au total, l'Italie compte désormais au moins 30 cas de contamination dont au moins 16 en Lombardie autour d'un foyer identifié à Codogno, à 60 km de Milan, venus s'ajouter aux trois premiers cas soignés à Rome. C'est désormais le pays le plus touché en Europe par l'épidémie de pneumonie virale qui a démarré en Chine en décembre.

Le président de la région de Vénitie Luca Zaia, interrogé sur Rainews24, a assuré que "la grande question" était l'origine de la contamination car les malades n'avaient eu "aucun contact" avec des Chinois ou des personnes de retour de Chine.

Cette vague de contaminations a contraint les autorités italiennes à prendre des mesures drastiques.

Bars, écoles, églises ou encore stades: les lieux publics ont été fermés dès vendredi pour une semaine dans une dizaine de villes du nord de l'Italie. La mesure touche aussi les bibliothèques, les mairies, les magasins ainsi que les nombreux défilés de carnavals organisés en cette période de l'année.

Les écoles étaient fermées samedi dans la grande ville de Cremona. Des trains ont été stoppés en gare de Milan et Lecce (Pouilles) vendredi soir le temps de faire descendre des passagers présentant des symptômes grippaux.

Rues désertes

La décision a été prise par le ministère de la Santé après qu'un premier foyer autochtone italien a été identifié à Codogno, près de Lodi, en lien avec un homme de 38 ans hospitalisé depuis mercredi.

Le photographe de l'AFP a vu des rues désertes à Codogno, une localité de 15.000 habitants. Aucun patient aux urgences de l'hôpital local et très peu de mouvement à part des infirmières masquées au changement de service.

Dans la zone, plus de 50.000 personnes sont priées de rester chez elles et d'éviter les lieux fermés. Au total, 40 stades et salles de sports seront fermées aux compétitions amateurs ainsi que les lieux de culte.

Le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé à Bruxelles par la presse italienne, s'est toutefois voulu rassurant en soulignant que l'Italie "applique un très haut niveau de précaution".

Environ 250 personnes dont 70 médecins et aide-soignants ont été placées à l'isolement, le temps de les soumettre à des tests, après avoir été en contact avec les cas de Lombardie.

Le premier cas de Codogno, un Italien chercheur chez Unilever, est hospitalisé en soins intensifs dans un état grave. Son épouse enceinte de huit mois, un ami et trois personnes âgées qui fréquentaient le bar du père de cet ami font partie des contaminés.

L'ensemble des salariés de Unilever a fait l'objet de tests.

Les autorités sanitaires de la Lombardie n'ont pas identifié avec certitude la personne à l'origine de la contagion, mais ce pourrait être un Italien rentré de Chine en janvier qui aurait dîné à plusieurs reprises avec le chercheur.

L'Italie ne comptait jusqu'à présent que trois cas de coronavirus, tous contractés hors du pays et soignés à Rome, parmi lesquels deux touristes chinois placés à un moment en thérapie intensive mais dont l'état s'est nettement amélioré ces derniers jours.

En outre, un Italien contaminé par le nouveau coronavirus et qui se trouvait sur le bateau de croisière Diamond Princess au Japon a été rapatrié samedi matin avec une trentaine de passagers italiens qui ont été placés en quarantaine.

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