Le Loonie s’envole après que le Canada vient d’enregistrer une progression du PIB nettement supérieure aux attentes au deuxième trimestre, alimentant les spéculations autour d’une nouvelle hausse de taux de la banque centrale.

Le consensus des économistes tablait sur une croissance robuste de +3.7% en rythme annualisé sur la période allant d’avril à juin, un chiffre identique au score du premier trimestre. Mais l’économie du géant nord-américain aurait évolué à hauteur de +4.5% au printemps, soutenue par la consommation, qui ne s’est jamais aussi bien portée depuis 10 ans, et les exportations. La croissance cumulée au premier semestre 2017 serait même la plus forte en 15 ans.

D’une part, le niveau du CAD, qui a lâché du terrain sur les six dernières années, combiné à la hausse des prix de l’énergie, a favorisé le commerce extérieur du pays, important exportateur de pétrole.

De l’autre, le faible coût du crédit, la vigueur du marché du travail (186k embauches au premier semestre, un record depuis 2010) et la hausse des salaires ont soutenu les dépenses des ménages. Celles-ci augmentent en effet de +4.6% sur un an au T2, après avoir déjà progressé de +4.8% en base annuelle au T1.

Et malgré des dispositions certaines à dégainer leur porte-monnaie, les canadiens ont malgré tout continué d’épargner, signe que la croissance pourrait être soutenable à moyen terme et forcer la Banque du Canada (BoC) à davantage de restrictions monétaires.

Mi-juillet, l’institution d’Ottawa avait annoncé un relèvement d’un quart de point de son taux directeur, le premier en sept ans, afin de tempérer les ardeurs liées à l’abondance de liquidités bon marché et éloigner la menace d’un atterrissage brutal. Cependant, dans leurs prévisions, les argentiers canadiens anticipaient une avancée du PIB de seulement +3% au T2, et même un ralentissement à +1.8% au T3 puis +2% au T4, toujours en rythme annualisé.

Bien qu’elle soit naturellement inclassable dans le range des pays émergents, la dixième économie mondiale s’expose par conséquent déjà au risque de surchauffe selon les derniers chiffres. Et comme la BoC doit encore rendre trois décisions de politique monétaire en 2017, le 6 septembre d’abord, puis les 25 octobre et 6 décembre ensuite, de nombreux observateurs estiment qu’elle pourrait réagir dès cette semaine par une première hausse du loyer de l’argent avant d’opérer un second tour de vis en fin d’année.

Graphiquement, le Dollar canadien inscrit logiquement de nouveaux records annuels alors que la parité USD/CAD évolue sous 1.24 dans des niveaux inédits depuis juin 2015. Largement baissière sur tous les horizons, la paire pourrait donc précipiter sa chute vers un support historique à 1.20 en cas de nouvelle hausse de taux ce mercredi 6 septembre.