Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt allemand à dix ans, ou "Bund", qui fait référence sur le marché de la dette européenne, a enregistré mardi un nouveau plus bas en territoire négatif, les investisseurs plébiscitant les obligations d'Etat dans un contexte d'incertitudes géopolitiques accrues.

Le rendement obligataire allemand à 10 ans est en effet descendu jusqu'à -0,330% mardi en cours de séance.

Son précédent record à la baisse (-0,328%) avait été atteint il y a une semaine, dans le sillage de propos du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi laissant présager de nouvelles mesures accommodantes de l'institution de Francfort.

Le taux américain à dix ans est quant à lui de nouveau redescendu sous les 2% mardi matin, tombant jusqu'à 1,987%, après avoir déjà franchi ce seuil jeudi dernier pour la première fois depuis novembre 2016.

"La stratégie d'allocation +traditionnelle+ de (report vers) les valeurs refuge continue de dominer, les rendements des obligations souveraines baissant tandis que l'or et le yen progressent", souligne dans une note Dean Popplewell, analyste chez Oanda.

Le récent revirement des discours des banquiers centraux des deux côtés de l'Atlantique, conjugué à un accroissement des tensions géopolitiques entre l'Iran et les Etats-Unis cette semaine, exerce une pression baissière sur les obligations d'Etat.

Mario Draghi a provoqué quelques remous sur le marché en déclarant que la BCE pourrait recommencer à baisser ses taux d'intérêt après plus de trois ans de stagnation ou même relancer son programme de rachats d'actifs si les perspectives économiques de la zone euro ne s'amélioraient pas.

A la suite de ce discours, les rendements obligataires avaient chuté violemment, entraînant le taux d'emprunt français à dix ans brièvement en territoire négatif, une première dans son histoire.

Puis la Réserve fédérale américaine (Fed) lui avait emboîté le pas, ouvrant la porte à une possible baisse des taux d'intérêt pour soutenir l'économie, évoquant les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

L'appétit pour les emprunts d'Etat s'est en outre encore accentué ces derniers jours du fait de l'escalade des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et l'Iran, mais également de l'issue incertaine de la guerre commerciale sino-américaine, suspendue à la rencontre entre les présidents américain et chinois lors du sommet du G20 à la fin de la semaine.

L'Iran a accusé mardi les Etats-Unis d'avoir coupé de façon "permanente" la voie de la diplomatie et de mentir sur son intention de négocier, au lendemain de l'annonce de nouvelles sanctions américaines visant de hauts dirigeants iraniens dont le Guide suprême.

Les investisseurs attendaient par ailleurs ce mardi dans la soirée une intervention du président de la Fed Jerome Powell prévue à New York, avides d'une confirmation de la possibilité d'une baisse des taux lors de la prochaine réunion monétaire prévue fin juillet.

afp/rp