Les premiers jours de 2019 n'ont guère offert de répit aux investisseurs, confrontés d'emblée aux signes de plus en plus nombreux d'un ralentissement de la croissance mondiale, mis en avant aussi bien par des indicateurs économiques que par l'avertissement retentissant d'Apple sur ses ventes.

Si le rebond des actions vendredi a permis de limiter la casse boursière pour la première semaine de l'année, le regain d'aversion au risque a été très perceptible sur les rendements obligataires, poussés vers des plus bas, et sur le yen.

Le ralentissement de l'activité manufacturière en zone euro comme aux Etats-Unis et sa contraction en Chine n'ont fait qu'accentuer les inquiétudes sur la croissance économique mondiale et souligné l'impact des tensions commerciales entre Washington et Pékin sur l'activité.

Cette guerre commerciale a d'ailleurs été expressément citée par Tim Cook, le directeur général d'Apple, dans sa lettre aux actionnaires annonçant la révision à la baisse de la prévision de chiffre d'affaires du groupe pour le premier trimestre.

Car c'est bien la faiblesse des ventes d'iPhone en Chine qui explique en grande partie cet avertissement, rare dans l'histoire d'Apple.

"L'information remet sur le devant de la scène le débat sur qui de Pékin ou de Washington peut sortir vainqueur de l'épisode de tensions commerciales entre les deux pays", note Hervé Goulletquer, stratège chez LBPAM.

"Chaque camp considère qu'il est le mieux placé et les marchés ont plutôt 'acheté' l'idée que les Etats-Unis étaient mieux positionnés pour l'emporter. La communication d'Apple sème le doute."

LES FONDAMENTAUX EN QUESTION

Si certains analystes rappellent que les difficultés d'Apple ne sont pas seulement liées à la Chine mais aussi à des éléments spécifiques, comme des prix trop élevés dans un marché des smartphones de haut de gamme saturé, l'avertissement du géant à la pomme n'en a pas moins créé une onde de choc.

"Depuis un certain temps, il existait un adage sur les marchés selon lequel tant qu'Apple se portait bien, tout le monde serait OK", observe Neil Wilson, chez Markets.com.

La saison des résultats trimestriels aux Etats-Unis, qui débutera pendant la semaine du 14 janvier, sera l'occasion pour les investisseurs de mesurer dans les comptes des entreprises l'ampleur du ralentissement économique mondial de la fin 2018. Et donc de vérifier si les fondamentaux, jugés encore solides il y a quelques semaines malgré les troubles sur les marchés, sont aussi solides qu'escompté.

Plusieurs éléments positifs sont de nature à rassurer: l'activité dans les services en Chine a fait mieux que résister pour atteindre un plus haut de six mois et le marché du travail aux Etats-Unis reste toujours aussi vigoureux, un soutien de poids pour la consommation.

Par ailleurs, les autorités ne sont pas insensibles aux inquiétudes du marché. Ainsi, la banque centrale chinoise a annoncé vendredi une nouvelle baisse du ratio de réserves obligatoires des banques, une mesure destinée à faciliter le crédit aux petites et moyennes entreprises.

De son côté, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, s'est employé à rassurer les investisseurs en déclarant que la dynamique de l'économie américaine restait solide et que la banque centrale serait attentive aux risques de dégradation de la situation.

Des propos à l'origine du vif rebond enregistré sur les marchés d'actions vendredi.

DES AVANCÉES SUR LE COMMERCE ?

Le patron de la Fed aura encore l'occasion de s'exprimer jeudi lors d'une conférence devant l'Economic Club de Washington.

Les investisseurs seront aussi attentifs à la publication, mercredi, du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine.

Outre la Fed, les récents déboires de Wall Street pourraient aussi pousser le président américain, Donald Trump, à rechercher rapidement une issue à la guerre commerciale qu'il a déclenchée contre la Chine.

En ce sens, une délégation de représentants américains menée par le secrétaire adjoint au Commerce Jeffrey Gerrish doit se rendre lundi et mardi à Pékin pour des discussions commerciales avec des représentants chinois.

Le mouvement de correction sur les marchés d'actions mondiaux a par ailleurs ramené les valorisations à des niveaux plus favorables.

"L'indice S&P 500 a par exemple subi sa troisième plus importante contraction des multiples en 40 ans, et ce, en dépit d'une croissance exceptionnelle des bénéfices", pointe Sophie Chardon, stratège multi-actifs chez Lombard Odier.

"De plus, des positions particulièrement courues, telles que la technologie américaine, ont été dénouées", ajoute-t-elle.

Dans ce contexte, tout élément de nature à rassurer sur les fondamentaux de l'économie pourrait être salué par un retour sur les actions.

Selon la dernière étude hebdomadaire de Bank of America Merrill Lynch Global Research, les flux sur les fonds d'investissement collectifs donnent un signal d'achat pour la première fois depuis juin 2016.

(Édité par Marc Angrand)

par Blandine Henault