par John Irish et Margaryta Chornokondratenko

PARIS, 10 décembre (Reuters) - Les présidents russe et ukrainien ont convenu de procéder d'ici la fin de l'année à l'échange de l'ensemble des personnes faites prisonnières dans le cadre du conflit dans l'est de l'Ukraine, mais ils ont laissé de côté les questions sur le statut du Donbass qui doit faire l'objet de nouvelles discussions.

Quelque 13.000 personnes ont été tuées depuis le printemps 2014 dans le conflit qui oppose dans l'est de l'Ukraine les forces ukrainiennes à des combattants séparatistes pro-russes à la suite de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Réunis lundi à Paris pour une réunion en "format Normandie" sur l'Ukraine, la première depuis 2016, Vladimir Poutine et Volodimir Zelenski ont pris part à neuf heures de discussions sous l'égide du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel.

Il s'agissait de la première rencontre entre Poutine et Zelenski, ancien comédien qui a remporté cette année l'élection présidentielle ukrainienne en promettant de résoudre le conflit.

Aucune poignée de mains publique n'a été échangée entre les deux dirigeants, qui ont évité les contacts visuels.

Mais les échanges ont permis d'aboutir à des engagements spécifiques, avec un communiqué final https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/12/09/sommet-de-paris-en-format-normandie annonçant l'échange de prisonniers et la promesse de mettre en oeuvre avant la fin de l'année le cessez-le-feu conclu dans le cadre des accords de Minsk en 2014.

Par ailleurs, Zelenski a déclaré avoir convenu avec son homologue des contours d'un accord qui permettrait la poursuite du transit du gaz naturel russe en territoire ukrainien. Un membre de la délégation russe a indiqué que des représentants avaient reçu pour consigne d'en définir les détails.

NOUVEAU SOMMET ATTENDU SOUS QUATRE MOIS

"Nous avons accompli des progrès sur le désengagement, l'échange de prisonniers, la clarification du cessez-le-feu, un agenda de confiance sur les évolutions politiques des prochains mois", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse commune, durant laquelle le président français et la chancelière allemande étaient assis entre Poutine et Zelenski.

"Nous avons aussi demandé à nos ministres un travail pour les quatre mois à venir consistant à oeuvrer pour les conditions sécuritaires et politiques en vue, entre autres, de l'organisation d'élections locales", a poursuivi le président français, reconnaissant que des divergences subsistaient sur le calendrier.

Cependant aucun accord définitif n'a été conclu sur les questions politiques qui font obstacle à une résolution du conflit: le statut du Donbass, le contrôle de la frontière entre cette région et la Russie, et le déroulement des élections locales au Donbass.

Il a été convenu d'organiser sous quatre mois un nouveau sommet en "format Normandie".

Conclus en 2015 pour régler le conflit, les accords de Minsk sont en grande partie restés lettre morte en dépit des efforts déployés par l'Allemagne et la France. Le sommet organisé à Paris était le premier depuis 2016 réunissant les présidents russe et ukrainien.

De nombreux Ukrainiens s'inquiètent d'un possible compromis avec la Russie, qu'ils continuent de voir comme un "agresseur", cinq ans après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou - annexion jugée illégale par la communauté internationale.

Réunis devant le palais présidentiel à Kiev, les manifestants qui avaient exhorté Zelenski à ne pas capituler face à Poutine ont assisté sur un écran géant à la diffusion de la conférence de presse en clôture du sommet.

Poutine ne veut pas non plus donner l'impression de fléchir face aux pressions externes sur la question de l'est de l'Ukraine et laisser la population russophone du Donbass à la merci du gouvernement de Kiev. (avec Michel Rose à Paris, Paul Carrel à Berlin, Matthias Williams et Natalia Zinets à Kiev; version française Jean Terzian)