Dans la catégorie des valeurs spéculatives, Vallourec occupe une place de choix sur la place parisienne, car le spécialiste des tubes sans soudure offre un gros effet de levier sur la reprise des investissements dans le secteur pétrolier, celle dont on parle depuis quatre ans à chaque début d'exercice, mais qu'on ne voit jamais. Alors, cette fois, est-ce la bonne ?
 
Côté éléments positifs, Vallourec a annoncé des résultats (sur la ligne Ebitda) plus solides que prévu au 4ème trimestre, même si les niveaux restent bas (89 millions d'euros) et un cash-flow libre de 76 millions d'euros, légèrement inférieur aux prévisions mais positif pour la première fois depuis 2015 sur un 4ème trimestre. Le management a annoncé en parallèle que 600 millions de lignes de crédit arrivant à échéance en 2020 ont été repoussées à 2021, ce qui envoie un message positif à ceux qui redoutaient une levée de fonds et à ceux qui étaient échaudés par les bruits de velléités de désengagement de certains créanciers. Les banques suivent, ce qui est important pour la confiance. Vallourec a toutefois dû promettre 200 millions d'euros d'économies brutes supplémentaires à l'horizon 2020, ce qui va maintenir une forte pression sur un groupe industriel déjà éreinté par plusieurs années de disette. S&P a envoyé un signal positif en conservant inchangées les mauvaises notes crédit de l'entreprise, mais en laissant entendre que l'étau se desserre.
 

Tubes destinés à la production énergétique (Crédit Photo Vallourec)

La liquidité reste un problème

Chez Jefferies, Alan Pence conserve les positions avec une valorisation à 2 EUR. De son point de vue, le groupe va malgré tout continuer à souffrir au niveau bilanciel, notamment parce qu'il risque de continuer à consommer des liquidités. "Vallourec continue à offrir une exposition à une reprise au Brésil et sur le marché offshore, mais doit encore convaincre le marché qu'un désendettement est possible à court terme", résume l'analyste.
 
Son confrère Fabrice Farigoule (AlphaValue, situation spéciale, valorisation 2,91 EUR) est plus optimiste, quand il titre "Premiers signes d'un redressement aussi attendu que nécessaire". C'est "un tout petit peu mieux", estime le spécialiste à la lecture des comptes, mais il reste un sacré chemin à parcourir. Il n'écarte d'ailleurs pas lui non plus un besoin en financement, car les déclarations du management ne sont pas paroles d'évangile, notamment parce que le lien de confiance n'est pas encore rétabli avec le marché.

Les actionnaires ne boudent pas leur plaisir ce matin, mais le chemin est encore long avant de revenir ne serait-ce que sur les niveaux de la fin 2018.