Le contexte : un trimestre de rebond malgré une décollecte persistante

La performance des valeurs françaises, toutes capitalisations confondues, a été excellente jusqu’à fin avril, avec une hausse homogène, de l’ordre de 20%.


Cependant, comme le montre le graphique ci-dessous, alors que les grandes valeurs ont rattrapé, en un trimestre de hausse, un trimestre de baisse, les indices des petites et moyennes capitalisations sont loin d’avoir rattrapé leur chute de la fin 2018. Le phénomène est d’autant plus marqué que les valeurs sont petites.


N’oublions pas que cette sous-performance de cette classe d’actifs vient après une phase de surperformance qui a duré des années et qui s’est achevée, probablement temporairement, fin 2017-début 2018, comme l’indique le graphique ci-dessous. Rappelons que près de 8 années sur 10 depuis 20 ans, les petites et moyennes valeurs ont battu les grandes.


Qu’attendre des prochains mois ? Le mois de mai commence par une consolidation qui semble assez naturelle après cette remontée en flèche. D’autant plus que la collecte des fonds dédiés à l’investissement sur les « Small & Mid » n’a pas repris, et ce malgré la force et la prolongation du rebond tout au long du mois d’avril. Cela signifie que les flux de dé-souscription (rachat ou vente) de parts de fonds investis sur ce compartiment de la cote ont continué de dépasser les flux d’achats de parts. Le graphique ci-dessous, élaboré par la société de Bourse Portzamparc, montre que nous en sommes à 11 mois consécutif de décollecte sur les fonds PEA-PME. La décollecte cumulée depuis le 1er janvier avoisinerait le milliard d’euros, sur un encours global des fonds de petites et moyennes valeurs de l’ordre de 13 milliards d’euros.


L’inertie de ces flux défavorables est forte, et en attendant la reprise de la collecte, les gérants n’ont pu que se contenter d’arbitrer leurs portefeuilles ou de jouer sur le taux de liquidités de leur OPC. Ce qu’ils ont fait en avril, comme l’indique notre tableau de synthèse ci-dessous. Leur taux d’investissement est plutôt remonté et le nombre de lignes légèrement étoffé, les résultats 2018 et les perspectives 2019 affichées par les entreprises s’étant révélés rassurants.

Revue des meilleurs fonds Small et Mid Caps à fin avril 2019
(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique (cliquer pour agrandir).


De façon générale, nous remarquons :
  • La prédominance des secteurs IT et Industries dans cette sélection, et des valeurs de croissance en général,
  • Une certaine reprise d’initiatives après les publications annuelles, malgré la décollecte,
  • Une performance moyenne de la sélection sur ce début 2019 (+17%) comparable à celle des indices de référence.
 De façon plus particulière, nous notons : 
  • La surperformance, en mai, des petites valeurs et des sociétés décotées ou « value », après un retard relatif sur les premiers mois de l’année 2019.
  • La présence de la valeur SOLUTIONS 30 dans au moins un tiers des douze fonds sélectionnés. La valeur a souffert de quelques prises de bénéfices malgré la publication de résultats jugés satisfaisants dans l’ensemble. Il est difficile de surprendre positivement quand les attentes sont très fortes. Certains fonds comme Tiepolo PME ont allégé leur position sur la valeur en avril.
  • Les nombreux arbitrages opérés au sein du fonds Indépendance et Expansion France Small avec au moins 7 entrées/sorties, dont la sortie pertinente d’Imerys, qui a publié des résultats et des perspectives décevants début mai. Nous en avons profité pour interroger William Higgons, un des rares gérants « value », dans l’interview du mois.
  • Plusieurs fonds sont entrés dernièrement sur le titre REWORLD MEDIA, notamment Tiepolo PME qui a profité de l’augmentation de capital réalisée dans le cadre du rachat de Mondadori France pour acheter des actions de ce nouvel acteur des médias qui mène une politique de digitalisation très ambitieuse des magazines de presse grand public. « Ce mouvement comporte des risques mais peut potentiellement créer beaucoup de valeurs » observent les gérants du fonds au sujet du rachat des marques détenues par Mondadori France.
  • La conviction partagée sur le dossier IPSOS par les gérants d’HMG Découvertes, troisième acteur mondial des études marketing. Les gérants nous confient : « Nous anticipons en effet sur 2019 le retour à une croissance organique plus vigoureuse, à la faveur, d’une part, de l’arrêt de la chute de l’activité liée à l’industrie des biens de grande consommation, et d’autre part, de la belle dynamique de celle des clients de l’industrie de la technologie (comprendre ...les GAFAs). Au surplus, la valorisation d’Ipsos demeure très raisonnable (8x le ROC en V.E.), alors même que le secteur pourrait de nouveau être animé par des opérations de concentration, sans doute à des multiples bien supérieurs ». L’investissement en Ipsos au sein du fonds a été renforcé en avril.
 
Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la douzaine de fonds de valeurs moyennes retenus pour leur capacité se maintenir en tête de classements sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).
 
On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au doubles (80 valeurs) avec une moyenne de 52 titres.
 
Rendez-vous dans un mois pour un nouveau point sur les meilleurs fonds de petites et moyennes valeurs de la place.

Vous pouvez également lire l’interview du gérant du mois, William Higgons. Il gère le fonds Indépendance et Expansion France Small, un des fonds de notre sélection. Un des rares fonds "Value" de notre sélection


GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe.
Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Solutions 30, Orpéa, Interparfums…Typiquement, leur PER dépasse les 20x.

Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe.
Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Plastivaloire, ALD, Nexans, Séché, … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.

Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix.
Ex. de valeur : Le Noble Age, SII, Fountaine Pajot, … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire".