Paris (awp/afp) - Veolia, géant des services à l'environnement, a vu son bénéfice amputé au premier trimestre, sous l'effet de la crise sanitaire en Chine et surtout en Europe, où il entrevoit un tout début de remontée de l'activité.

Le groupe affiche un résultat net de 121 millions d'euros (127 millions de francs suisses), en chute de 41,9% (-33,9% à périmètre et change constants), pour un chiffre d'affaires de 6,675 milliards d'euros, en recul de 1,6% (-0,5% en organique).

Hors effet Covid-19, l'activité aurait crû de 2,3%, indique Veolia mercredi.

"L'année 2020 avait bien démarré pour Veolia (...) Néanmoins le choc de la crise sanitaire à laquelle le monde doit faire face a mis à l'arrêt de nombreux pans de l'économie mondiale", a souligné le PDG du groupe Antoine Frérot, qui juge pour autant que "l'impact reste modéré" pour son groupe.

Veolia a souffert de la crise en Chine, mais surtout du confinement en Europe et d'abord en France.

Il subit en particulier les conséquences de l'arrêt soudain des chantiers de construction, qui a fait plonger son activité réseaux. En France, 95% des chantiers ont cessé "du jour au lendemain", quand en Allemagne la majorité ont tenu leur calendrier, note M. Frérot.

L'activité de maintenance de bâtiments (universités, bureaux, centres commerciaux..) a été suspendue.

Les déchets industriels traités sont également en recul. En revanche les "services essentiels" -- traitement de l'eau et des déchets ménagers -- sont restés stables, une activité qui représente 40% du total.

Dans l'histoire de Veolia, entamée au XIXe siècle avec la distribution d'eau potable, il faut remonter au lendemain de la Première Guerre mondiale pour trouver une crise aussi brutale, souligne Antoine Frérot.

Continuer à tester les salariés

Le groupe constate "une reprise rapide" en Asie (le traitement des déchets toxiques est revenu à 93% de ses volumes habituels), et un début de remontée depuis fin avril en Europe. Mais "il est encore trop tôt pour estimer les conséquences de la crise" sur l'année, a indiqué le PDG de Veolia, qui a suspendu ses objectifs annuels.

Pour "permettre au groupe de ressortir dans les meilleures conditions possibles de cette période", la direction a prévu 200 millions d'euros d'économies supplémentaires (en plus des 250 annoncés avant la crise), et de réduire les investissements de 500 millions.

Veolia a une capacité de résistance, avec 5,7 milliards de liquidités, auxquels s'ajoutent 4,1 milliards de crédits non tirés.

Le géant français poursuit sa stratégie à horizon 2023, avec l'ambition de devenir "l'entreprise de référence de la transition écologique" dans le monde. Ce qui inclut un volet de cessions et d'acquisitions, dont le calendrier sera "juste ralenti", indique-t-on.

Dans l'intervalle, le groupe prépare le retour de ses salariés sur leur lieu de travail, avec la mise à disposition de kits de protection, des retours décalés et par roulements, et surtout des tests de dépistage du Covid-19, sur la base du volontariat et de résultats transmis aux seuls dépistés.

Se disant "persuadé qu'il n'y aura pas de reprise si la confiance n'est pas là", M. Frérot estime qu'il faut rassurer les salariés, dont quelque 20.000 en France sont restés sur le terrain pour assurer des services élémentaires telle que la collecte des ordures.

En France, le gouvernement s'est opposé à ce que les entreprises mettent des tests à disposition. Mais Veolia compte bien continuer.

"Il faut éliminer la peur, que les salariés se sentent plus en sécurité sur leur lieu de travail que partout ailleurs", dit M. Frérot.

"La France a mis en place un confinement très puissant. Les Français ont été un peu tétanisés", argue-t-il. "Aujourd'hui l'envie de sortir se double d'une peur, qu'il faut vaincre. Les tests sont utiles car ils rassurent, ce qui est une condition essentielle à la reprise du travail en France".

afp/jh