Zurich (awp) - Sur la lancée de 2017, Vifor Pharma a poursuivi sa vive croissance au premier semestre. Affichant des revenus en hausse, le groupe pharmaceutique né de la scission de Galenica a vu son bénéfice net s'envoler à 118 millions de francs suisses, contre une perte nette de 9,6 millions douze mois auparavant. L'entreprise révise dans la foulée à la hausse ses prévisions pour l'ensemble 2018.

Le chiffre d'affaires net a pour sa part augmenté de près d'un quart (+23,4%) à 747,4 millions de francs suisses, annonce mercredi Vifor Pharma. Le résultat d'exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) s'est lui hissé à 192 millions de francs suisses, bondissant de pas loin de la moitié (+44,5%).

Les solides résultats ont bénéficié de l'évolution favorable des affaires du groupe dans ses trois secteurs d'activité clefs, à savoir son médicament principal, le Ferinject, la co-entreprise Vifor Fresenius Medical Care Renal Pharma (VFMCRP) et le traitement Veltassa, issu du laboratoire américain Relypsa, acquis en 2017. Cité dans le communiqué, le président de Vifor Pharma, Etienne Jornod, s'est félicité de la "poursuite de notre stratégie visant à devenir le leader mondial de la carence en fer, de la néphrologie et des traitements cardio-rénaux".

La performance s'est révélée en tous points supérieure aux attentes des analystes. Sondés par AWP, les experts avaient en moyenne anticipé un chiffre d'affaires de 732 millions de francs suisses, un Ebitda de 170 millions et un bénéfice net de 49,3 millions. Mais contre toute attente, l'action Vifor Pharma a été chahutée à la Bourse suisse.

Séance difficile

Sous l'effet de prises de bénéfices, le titre a dès l'entame de la séance chuté. A la clôture de la Bourse suisse, l'action Vifor reculait encore de 3,7% à 182 francs suisses, dans un indice élargi SLI en baisse de 0,24%.

Dans le détail, les revenus provenant du Ferinject ont progressé de 29,3% au regard des six premiers mois de 2017, à 51,9 millions de francs suisses. Aux Etats-Unis, Luitpold Pharmaceuticals, filiale du japonais Daiichi Sankyo, lequel commercialise le traitement des carences en fer sous la marque Injectafer a dégagé un chiffre d'affaires de 108,8 millions de dollars, en hausse de 42,6%. Vifor Pharma a perçu un tiers de ce montant, soit 59,5 millions de francs suisses.

Du côté de l'entreprise commune VFMCRP, les ventes du Mircera se sont envolées de 38,1% à 214 millions de francs suisses. Mircera est un agent stimulant l'érythropoïèse (ASE) à longue durée d'action de Roche, sous licence depuis mai 2015. Il est approuvé pour le traitement de l'anémie symptomatique associée à l'insuffisance rénale chronique.

La vigoureuse croissance du Mircera reflète pour l'essentiel l'extension de l'accord conclu avec le géant pharmaceutique bâlois. Ce dernier doit permettre à Vifor Pharma d'en fournir des quantités supplémentaires sur le marché américain.

Optimisme de mise

Principal médicament porteur d'espoir, le Veltassa, molécule destinée au traitement de l'hyperkaliémie chez l'adulte - une maladie se caractérisant par des niveaux élevés de potassium dans le plasma sanguin - a vu ses ventes augmenter de plus de moitié (+51,8%) à 36,8 millions de francs suisses. Pour l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires devrait atteindre 90 millions de dollars, Vifor Pharma estimant que "le produit est un blockbuster potentiel".

A la faveur de sa bonne première partie d'exercice, le groupe révise à la hausse ses attentes pour l'ensemble de l'année 2018. A taux de change constants, il table désormais sur une croissance de son chiffre d'affaires supérieure à 15%, contre 10% annoncé lors de la présentation des résultats annuels 2017 en mars dernier. L'Ebitda devrait lui bondir de 25%, contre plus de 20% prévu il y a cinq mois.

Evoquant pour certains une performance entre ombre et lumière, les analystes ont décelé quelques points faibles, notamment dans l'évolution des recettes du Veltassa, médicament le plus prometteur de Vifor Pharma. Analyste à la banque Vontobel, Carla Bänziger note que le chiffre d'affaire de 90 millions de dollars pour ce traitement pourrait jeter le doute sur les prévisions à long terme de l'entreprise.

Vifor Pharma ambitionne de dégager d'ici 2020 des revenus de 300 à 400 millions de francs suisses. Expert d'UBS, Jack Scannell note des chiffres complexes à analyser. Si ce dernier juge les ventes du Mircera convaincantes, celles du Veltassa le laissent sur sa faim.

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