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(Easybourse.com) Croyez-vous au développement de l'actionnariat des salariés en France ?
Toutes les études le montrent, il existe un consensus entre salariés et chefs d'entreprises sur le développement de l'actionnariat des salariés. Il s'agit d'une tendance durable et à long terme. Ce mouvement tire son origine de deux grandes initiatives politiques. D'abord celle du général de Gaulle qui en 1967 a mis sur les rails la Participation des salariés, puis celle d'Edouard Balladur qui a permis en 1986 l'essor des Plans d'épargne d'entreprise. Nous vivons toujours sur les acquis de ces textes dont entreprises et salariés ont appris à apprécier les fruits au fil du temps. Et le projet de loi en cours, portant notamment sur l'attribution gratuite d'actions aux salariés, ne ralentira pas cette dynamique ! Patrons et employés se savent désormais embarqués dans la même aventure, l'actionnariat des salariés n'est que la traduction de la cohésion nécessaire dans l'entreprise.

La distribution d'actions gratuites est-elle préférable à celle de stock-options ?
Les stock-options sont plus adaptées aux dirigeants. Il s'agit d'un élément de leur rémunération puisqu'il leur permet d'engranger des plus-values. L'attribution d'actions gratuites au personnel poursuit un objectif différent, celui d'associer à long terme les hommes et les femmes qui contribuent aux performances de leur entreprise.

Estimez-vous utile la présence d'administrateurs élus par les salariés dans les conseils d'administration ?
Dans la mesure où les salariés sont une des parties prenantes de l'entreprise qui crée sa richesse, il m'apparaît normal de les associer au plus haut niveau de décision. C'est la logique même si l'on souhaite que les collaborateurs accompagnent leur entreprise dans tous ses projets, y compris de réorganisation. Peu de sociétés pour l'instant jouent à fond cette carte. C'est peut être un tort car celles qui ont joué cette carte, prouvent par leurs résultats et leur développement sur le long terme que l'actionnariat salarié est un atout indéniable. Pour que nos entreprises réussissent, il faut que leurs salariés s'impliquent.

Si vous prenez le CAC 40 pour illustrer ce propos, certaines sociétés ont depuis longtemps développés des politiques d'actionnariat salarié en allant jusqu'au bout de la logique avec des administrateurs salariés comme Bouygues, Essilor, Société Générale voir hors CAC 40 des sociétés comme Eiffage.

Les salariés et les chefs d'entreprises ont-ils la même perception de l'actionnariat des salariés ?
Chaque année depuis 2002, Altedia publie en collaboration avec BNP Paribas un baromètre qui compare l'opinion des dirigeants d'entreprises et celle des salariés en matière d'épargne et de retraite d'entreprise. Or notre étude montre que l'actionnariat salarié a fait le plein d'adhésion chez les chefs d'entreprise et continue de gagner des adeptes chez les employés dont les deux tiers sont favorables au mécanisme. L'idée de pouvoir protéger leur entreprise d'une prise de contrôle par une société étrangère, leur plaît même si le désir de mieux partager les résultats de la croissance avec les actionnaires les séduit en priorité. En tous cas, les salariés sont prêts à prendre un risque limité en investissant raisonnablement dans la société qui les emploie. Les patrons, eux, croient devoir déployer beaucoup de dispositifs incitatifs pour convaincre leurs employés de participer au tour de table.

Que vous inspire la récente démission du président de Vinci suite à son différent sur sa rémunération avec son directeur général ?
Après une première étape qui a abouti à la publication obligatoire des rémunérations des dirigeants, on en aborde une seconde. Elle consiste à lier le montant global de ces émoluments à la création de valeur de l'entreprise. Mais ce travail doit être fait a priori de manière claire sous la responsabilité d'un comité de rémunération indépendant et avec l'aval du conseil d'administration. L'assemblée générale des actionnaires devrait également se prononcer sur les principes généraux mais sans en connaître le détail. En effet, il ne faudrait pas divulguer des informations relevant du secret des affaires comme par exemple les objectifs chiffrés dont l'atteinte déclenche l'attribution des stock-options. Une politique discutée et affichée au préalable permet d'éviter bien des embarras d'autant qu'une entreprise dont la valeur croît a toute les chances de créer de l'emploi.

- 28 Juin 2006 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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