(Actualisé avec réactions de "zadistes")

NANTES, 5 juillet (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé jeudi que les riverains de l'aéroport Nantes-Atlantique allaient bénéficier d'un "fonds de compensation" pour financer leurs travaux d'insonorisation, à la suite à l'abandon en janvier de son "transfert" à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Ce fonds sera abondé par l'Etat, le concessionnaire de l'aéroport et "le cas échéant" par les collectivités locales, a-t-il précisé. Il pourrait prendre à sa charge de 80 à 90 % du montant des travaux. Le Premier ministre a toutefois refusé d'annoncer son montant global.

"Le développement de Nantes-Atlantique passe par la signature d'un nouveau contrat avec un nouveau concessionnaire", a ajouté le Premier ministre, qui n'exclut pas que Vinci puisse à nouveau être lauréat de la concession. Vinci était le concessionnaire de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes que le gouvernement a renoncé à construire.

Cette nouvelle procédure – rendue impérative par les risques de contentieux juridiques - devrait ainsi arriver à son terme en 2021, selon lui.

D'ici là, "des discussions sont en cours avec l'actuel concessionnaire pour qu'il puisse réaliser dès 2019 des investissements (...)", a ajouté Edouard Philippe. Il a chiffré à "quelques dizaines de millions d'euros" la somme qui pourrait être investie dans les deux prochaines années sur le réaménagement de l'équipement.

Le chef du gouvernement a confirmé que les terrains de la "zone à défendre" allaient être rétrocédés au conseil départemental de la Loire-Atlantique d'ici la fin de l'année. Toutefois, cette rétrocession ne se fera pas à l'euro symbolique, comme le lui a pourtant demandé son président (PS) Philippe Grosvalet.

Les collectivités locales qui ont abondé pendant des années le financement du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes seront en revanche remboursées "d'ici la fin de l'été", a enfin promis le Premier ministre.

"Les services du Premier ministre avaient pris soin mercredi de préciser qu'Edouard Philippe ne viendrait pas les bras chargés de cadeaux, voilà au moins une promesse tenue", a réagi Christelle Morançais, présidente (LR) de la région Pays de la Loire. "J'attendais des premières décisions fortes et ambitieuses (…), nous n'avons eu que la confirmation de nouvelles déjà annoncées."

Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, de leur côté, ont fait part de leurs "inquiétudes" quant à la rétrocession des terres au conseil départemental de la Loire-Atlantique.

"Le conseil départemental pourrait donner le pilotage de la gestion des terres à la chambre d'agriculture, avec laquelle il a signé un protocole d'accord", ont-ils indiqué dans un communiqué. "Nous connaissons la contradiction entre les normes productivistes prônés par la chambre et la vision d'une agriculture paysanne (…) sur laquelle se basent les projets existants."

Les zadistes appellent donc à une "large mobilisation sur l'avenir de la ZAD" les 29 et 30 septembre prochains, "en plus d'autres rendez-vous cet été". (Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)