TOULOUSE, 21 mars (Reuters) - Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno le Maire, s’est engagé jeudi à ce que l’État conserve sa participation de 10,01 % dans la société Aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), a-t-on appris auprès des collectivités locales actionnaires.

Cette promesse de l’État intervient au moment où Casil Europe, la holding française créée par le groupe d’État chinois Shandong High Speed Group et le fonds d’investissement de Hong Kong Friedmann Pacific Asset Management, a décidé de céder sa participation de 49,99% dans le capital d’ATB, troisième aéroport régional français qui a connu en 2018 un trafic record avec 9,6 millions de passagers.

La décision de Casil Europe de revendre ses parts acquises en avril 2015 pour 308 millions d’euros serait liée au choix de l’Etat de conserver sa participation, selon plusieurs sources proches du dossier.

"Le ministre s’est engagé à ce que l’Etat maintienne sa participation de 10,01 % au capital de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, conformément au souhait exprimé par l’ensemble des parties prenantes", ont annoncé dans un communiqué commun la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse, Toulouse Métropole, la région Occitanie et le département de Haute-Garonne, qui conservent 40% de parts d’ATB.

Bruno Le Maire s’est également engagé auprès des actionnaires publics qu'il a rencontrés jeudi à réunir à nouveau les acteurs locaux d’ici l’été pour aborder la question de la gouvernance de l’aéroport, précise le communiqué.

L'Etat avait indiqué en février 2018 qu'il renonçait "pour l'instant" à exercer son option de vente sur ses parts restantes mais élus et actionnaires publics locaux voulaient obtenir de sa part un engagement écrit, d’où la rencontre à Bercy jeudi matin.

QUATRE CANDIDATS A LA REPRISE

A ce jour, quatre entreprises ou groupements au moins figurent parmi les candidats au rachat des parts de Casil Europe : Vinci Airports, allié à la Caisse des dépôts Infrastructure et à Predica (groupe Crédit Agricole), le groupe de BTP Eiffage et le réseau Banque Populaire Occitane-Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées associé à la société de capital investissement Ardian et aux fonds Mirova (Natixis).

Edeis maintient également sa candidature mais reste dans l’attente d’un engagement de la part des actionnaires publics locaux qu’il veut associer à son projet de reprise.

Le groupe d’ingénierie français, qui gère déjà 19 aéroports dans l’Hexagone, s’est dit également prêt à racheter les 10,01% de parts toujours aux mains de l’Etat dans le capital d’ATB. Son projet de reprise porte sur la création d’une société "Aéroports d’Occitanie" (AD’OC) dont les collectivités locales deviendraient coactionnaires en apportant leurs titres.

Les offres de ces repreneurs potentiels devaient être déposées à la banque Lazard, mandatée par Casil Europe, dans la deuxième quinzaine de mars.

Le tribunal de commerce de Paris rendra vendredi sa décision concernant la mise sous séquestre des actions détenues par Casil Europe au capital de la société Aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) demandée par trois syndicats.

Par cette action en justice, la CGT, Solidaires et la FSU espèrent bloquer la vente éventuelle à un acheteur privé des "actions litigieuses" détenues par Casil Europe "tant que la justice administrative n’a pas validé définitivement la cession opérée en avril 2015 entre Casil Europe et l’Etat", contestée par les opposants à la privatisation.

Cette nouvelle procédure vise aussi à "adresser une mise en garde solennelle à l’approche de la privatisation d’aéroport de Paris". (Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Eiffage, Vinci