Le groupe de BTP et de concessions, qui exploite déjà une quarantaine d'aéroports à travers le monde, a fait de ce secteur un axe stratégique prioritaire. Il s'est toujours dit intéressé par ADP, dont l'Etat pourrait céder des parts dans le cadre de la loi PACTE.

"Ce n'est pas notre sujet, c'est le sujet du gouvernement", a dit Xavier Huillard, PDG de Vinci, au cours de la conférence de presse consacrée aux résultats 2018 du groupe, en réponse à une question sur le vote au Sénat. "Notre sujet (...) c'est notre capacité à créer de la valeur pour toutes les parties prenantes sur l'ensemble de nos aéroports."

"Nous nous adapterons, nous serons présents si effectivement c'est privatisé (...) mais si ce n'est pas le cas, nous ferons autre chose. Vinci Airports va continuer à se développer (...) il y a beaucoup d'opportunités", a-t-il ajouté.

Devant les analystes financiers, il est allé un peu plus loin. "Si vous voulez mon pronostic, je vous dirais qu'il est probable que la privatisation va continuer, mais c'est un pronostic de café du commerce", a dit Xavier Huillard.

NOUVELLE CROISSANCE ATTENDUE EN 2019

Vinci a notamment fait part de son intérêt pour l'aéroport de Toulouse, dont Casil Europe, issu du consortium chinois Symbiose, chercherait à vendre sa participation de 49,99% acquise en 2015, selon des sources proches du dossier.

Ces sources ont indiqué que les candidats potentiels à la reprise des parts de Casil avaient jusqu'à ce mercredi pour déposer leur dossier. Parmi les postulants, outre Vinci Airports, Eiffage est également intéressé, a indiqué une source proche du groupe de BTP et de concessions, qui guette maintenant lui aussi les opportunités dans l'aéroportuaire.

En revanche, une source proche du groupe d'investissement australien Macquarie a déclaré qu'il ne ferait pas d'offre, contrairement à 2014, année de la mise en vente des 60% de l'Etat au capital.

Dernière prise en date de Vinci, le groupe de BTP a annoncé fin 2018 un accord pour devenir actionnaire majoritaire de l'aéroport de Gatwick au Royaume-Uni, une opération qui devrait être finalisée au premier semestre de cette année. Il opérera alors en tout 46 aéroports dans le monde.

Le groupe cherche ainsi à renforcer son pôle concessions, gage de revenus récurrents sur le long terme et d'équilibre face aux aléas des métiers de la construction. Les perspectives de croissance du transport aérien rendent aussi les actifs aéroportuaires plus dynamiques que les concessions autoroutières, majoritairement matures.

En 2018, le trafic total sur les autoroutes de Vinci a stagné (-0,5%), affecté il est vrai en fin d'année par le mouvement social des "Gilets jaunes". Par contraste, le trafic passagers dans ses aéroports a grimpé de 6,8%.

En 2019, il devrait afficher une nouvelle croissance, mais "un peu" inférieure, a précisé Xavier Huillard. Les multiples acquisitions d'aéroports réalisées par le groupe ces dernières années - en 2012, il ne détenait encore que 13 plateformes - signifient qu'année après année, l'effet de base devient plus défavorable. En 2017, le trafic aéroportuaire de Vinci avait grimpé de 12,4%.

(Avec Dominique Vidalon et Johanna Decorse, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : Vinci, Groupe ADP