Premier opérateur autoroutier de France avec ses filiales ASF, Cofiroute, Escota et Arcour, Vinci va, comme Eiffage, attaquer le gel inopiné des tarifs autoroutiers annoncé hier par le gouvernement. En effet, hier au micro de RTL, Pierre Coppey, directeur général délégué de Vinci, a déclaré qu'il était obligé de demander au juge de faire respecter les clauses de contrats, qui prévoyaient une augmentation en février.

Hier, le Premier ministre a annoncé, à l'issue de la première réunion du groupe de travail sur les concessions d'autoroutes associant une quinzaine de parlementaires aux représentants de l'administration, que 'le gouvernement est en effet déterminé à remettre à plat les concessions afin de mettre en oeuvre les recommandations formulées par la Cour des comptes et l'Autorité de la concurrence visant à un rééquilibrage des relations contractuelles entre l'Etat et les sociétés concessionnaires.'

Alors que les négociations avec les opérateurs sont en cours et avant la publication d'un rapport d'étape, attendu vers mi-février, 'le gouvernement a décidé de surseoir à l'application de la hausse des péages prévue contractuellement le 1er février.'

Selon les analystes d'Aurel BGC, 'c'est une surprise. Le gouvernement et les sociétés concessionnaires semblaient avoir progressé dans les négociations et la suspension de la hausse des péages au 1er février paraissait exclue'.

Au delà de l'impact sur les bénéfices de Vinci (moins de 1% selon Aurel BGC) et d'Eiffage (- 2,3% environ), 'la problématique concerne surtout la solidité des contrats de concessions, donc le risque politique', le ton adopté par Matignon paraissant plus dur que celui employé fin 2014. Pour les analystes, si l'aléa politique est bel et bien revenu sur le dossier, il semble toutefois peu probable que les concessions et les PPP soient remis en cause dans leur ensemble.

Quoi qu'il en soit, la décision du gouvernement n'a pas été du goût de l'Association des sociétés françaises d'autoroutes et d'ouvrages à péage (ASFA), qui a rappelé que ses membres avaient formulé des propositions sous la forme d'un protocole d'accord global en date du 29 décembre. 'A ce jour, les sociétés n'ont pas reçu de réponse formelle sur ces propositions', affirme l'organisation.

L'ASFA s'est aussi offusquée aussi d'apprendre 'par la presse, au mépris des règles de communication financière imposées par l'AMF, la décision de geler l'augmentation contractuelle des tarifs prévue le 1er février prochain'. Et elle ajoute : 'les sociétés regrettent profondément cette décision unilatérale qui décrédibilise de façon durable la signature de l'État pour les contrats de partenariat public-privé (PPP) et introduit une incertitude pour les entreprises et leurs actionnaires'.

De ce fait, et bien que l'ASFA déclare privilégier la négociation, elle préconise 'd'entamer sans attendre une procédure contentieuse' contre cette décision afin de 'préserver leurs droits', recommandation qu'Eiffage et Vinci ont ou vont mettre en application.


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