Paris (awp/afp) - Le géant français des médias Vivendi continue de profiter de la très bonne dynamique du label Universal Music Group (UMG) alors que le groupe Canal+, sa deuxième activité, voit ses revenus stagner et inquiète à moyen terme.

Le bénéfice net du groupe au premier semestre a plus que triplé, s'élevant à 520 millions d'euros, tandis que le chiffre d'affaires s'est établi à 7,47 milliards d'euros, en progression organique de 6,7% selon les résultats publiés jeudi qui surpassent les attentes des analystes interrogés par Factset.

"Le semestre réalisé par UMG est exceptionnel et un peu atypique car les ventes physiques de musique ont été fortes", a déclaré à l'AFP Jean-Baptiste Sergeant, analyste médias pour Mainfirst.

UMG, première activité de Vivendi dont il représente 44% de l'activité totale, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'euros, qui progresse en organique de 18,6%. En support des revenus liés aux abonnements et au "streaming" (+25,5%), les ventes physiques ont augmenté de 15% grâce notamment aux ventes de la bande originale du film "A Star is Born", de plusieurs albums de Queen ainsi que des groupes japonais dans un pays où le marché physique persiste mieux.

Huit des dix meilleurs titres du classement mondial réalisé par la plateforme d'écoute en streaming Spotify au premier semestre - dont les six premiers - correspondent à des artistes signés chez Universal, s'est félicité le groupe.

Un processus "anormalement long"

Vivendi avait annoncé il y a un an son souhait de céder jusqu'à 50% du capital de sa filiale musicale, se donnant 18 mois pour boucler l'opération. Le processus, "anormalement long" selon Jean-Baptiste Sergeant, s'est poursuivi avec la sélection des banques conseil du groupe pour la cession.

"Plusieurs contacts ont été établis avec des éventuels partenaires stratégiques et nous suivons l'échéancier initial", a ajouté le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes anglophones. "Comme l'évoque une expression française : +Il ne faut pas aller plus vite que la musique+", a-t-il déclaré.

"Peut-être Vivendi souhaitait-il attendre la publication de ces résultats avant d'entrer dans le dur des négociations", estime Jean-Baptiste Sergeant: car la valorisation d'UMG - estimé entre 15 et 30 milliards d'euros - pourrait s'en trouver relevée.

Le premier semestre a également été l'occasion pour Vivendi de réaliser en partie un plan de rachat d'actions voté en assemblée générale en avril. Entre mai et juillet, le groupe a racheté 5% de son propre capital dans l'objectif d'annuler ces actions et de faire monter les parts détenues par chaque actionnaire, dont le groupe Bolloré.

Canal+ à la peine

Le chiffre d'affaires semestriel du groupe Canal+, deuxième activité du conglomérat, recule en revanche de 2,2% à 2,5 milliards d'euros. En baisse continue depuis des années, les abonnés en direct à Canal+ en France métropolitaine (les plus rentables) ne sont plus que 4,6 millions (-150.000 depuis le début de l'année).

Le groupe pointe en revanche ses développements à l'international et notamment en Afrique, où il a réalisé plusieurs investissements (dont des activités de production et des chaînes du nigérian Iroko) et où le nombre d'abonnés progresse, porté par la diffusion de la Coupe d'Afrique des Nations, mais ne peut compenser la perte du "portefeuille global d'abonnés en France".

"Je pense que cette situation va s'accélérer l'année prochaine, notamment avec la perte des droits de la Ligue 1" pour 2020-2024, relève Jean-Baptiste Sergeant.

En juillet, le groupe Canal+ a présenté un nouveau plan de suppressions de postes via environ 500 départs volontaires.

Parmi les autres activités du groupe, l'agence de communication Havas voit son revenu net (l'indicateur privilégié) augmenter de 4% à 1 milliard d'euros et son activité en Asie-Pacifique et en Amérique latine se redresse.

Editis, intégré dans les comptes au 1er février, a contribué au chiffre d'affaires du groupe à hauteur de 260 millions d'euros sur cinq mois.

afp/rp