Vivendi gagne 3,31% à 16,22 euros après l'annonce de deux informations d'importance. Le groupe français, désireux de réduire son exposition au secteur des télécoms et de se recentrer sur les médias, est en négociation exclusive avec Etisalat pour lui céder sa participation dans Maroc Telecom. L'opérateur d'Abou Dhabi devrait récupérer les 53% de Vivendi pour un montant de 4,2 milliards d'euros avant la fin de l'année. Par ailleurs, SFR, filiale de télécoms de Vivendi, discute avec son concurrent Bouygues d'un accord de partage "d'une partie" de leurs infrastructures mobiles.

Les administrateurs de Vivendi se réunissent aujourd'hui pour en discuter, selon Reuters. De son côté, l'Etat marocain, propriétaire à 30% de Maroc Telecom, souhaite qu'Etisalat prenne un associé local pour donner son aval à l'opération. Le montant de 4,2 milliards d'euros est en ligne avec la capitalisation boursière du groupe au sein de l'entreprise et valorise l'action à 92,6 dirhams marocains, soit 7% en dessous de l'action à la dernière clôture. Les observateurs saluent cependant cette opération « permettant à Vivendi d'amorcer son recentrage et la réduction de sa dette », selon CM-CIC. Oddo parle quant à lui d'une « cession de Maroc Telecom très bien engagée » qui ressort sous ses anticipations (4,45 milliards d'euros) mais dans le consensus (4 à 4,5 milliards).

Concernant l'accord avec Bouygues, il s'agit de créer des synergies, encore non-chiffrées, en mutualisant une partie des infrastructures de réseau de SFR et Bouygues Telecom. Ces discussions interviennent dans un contexte de très forte concurrence et d'amincissement des marges dans la téléphonie mobile depuis l'arrivée de Free (groupe Iliad) sur le marché français en janvier 2012. Cette pratique est courante en Europe mais inédite en France. Les autorités de la concurrence et de la régulation des télécoms doivent encore valider cet accord qui devrait être conclu avant la fin de l'année 2013.

« Une baisse de leurs coûts de maintenance et de leurs investissements (...) est clairement une réponse à Orange et Free alors que ce dernier profite de la puissance du réseau de l'ancien monopole historique », explique Aurel BGC. Oddo estime que les synergies devraient être limitées en raison de discussions « portant essentiellement sur du partage d'équipements passifs ». « Les économies pourraient être de 350 millions d'euros par an, soit une valeur actualisée selon nous de près de 1,8 milliards, (...) à comparer à des attentes initiales de certains investisseurs de plus de 2,5 milliards d'euros », ajoute-t-il. Ce qui rajouterait en théorie moins d'1 euro à l'action Vivendi.