Vivendi (-1,83% à 18,755 euros) dispute à LafargeHolcim la dernière place du CAC 40 après la dégradation de l'opinion d'Exane à son égard. Le bureau d'études a abaissé de Surperformance à Neutre son opinion sur Vivendi, tout en maintenant son objectif de cours de 20 euros sur la valeur, estimant que le potentiel de hausse du titre était trop limité. En retirant la contribution de Telecom Italia à la valorisation de Vivendi, environ 15%, l'action du groupe de médias et de divertissement reste sur une hausse de 15% sur les six derniers mois, surperformant de 20% le secteur des médias.

De plus, Exane observe que les deux motifs qui avaient justifié son relèvement d'opinion en mars, à savoir le redressement de Canal+ et la croissance de l'activité musicale, sont désormais bien tangibles et intégrés dans les prévisions des marchés.

En quête d'une perspective qui pourrait entrainer un rebond de l'action Vivendi, Exane s'interroge sur la pertinence d'un rapprochement avec Havas. Bien sûr, les dirigeants des deux groupes assurent qu'ils ont discuté d'une possible opération mais qu'aucun plan n'est sur la table. Il n'empêche que personne n'est dupe et que les liens familiaux existant entre Vivendi et Havas, tous deux sous le contrôle de la famille Bolloré, faciliteraient sans nul doute un rapprochement.

Toutefois, sans remettre en cause la qualité d'Havas et la contribution qui pourrait être la sienne dans l'expertise des données, Exane estime qu'une opération d'une telle ampleur présenterait un risque en diluant le poids de la musique dans Vivendi. Or, c'est précisément le dynamisme d'Universal Music qui permet à l'entreprise de compenser les difficultés rencontrées par l'autre filiale, Canal+.

De plus, le broker met en avant le fait que les actionnaires minoritaires de Vivendi seront peut-être réticents à s'engager dans un deal à plus de 3 milliards d'euros. Si l'opération se faisait par échange d'actions, Bolloré devrait convaincre 43 à 49% des investisseurs minoritaires du bien fondé d'une telle transaction, prévient Exane. Leur soutien ne serait pas gagné d'avance et ils pourraient se montrer échaudés par les dernières expériences de fusions-acquisitions : la guerre est ouverte chez Ubisoft, le deal avec Mediaset risque de se terminer devant la justice, le rapprochement Canal+/BeIN s'est heurté à l'Autorité de la concurrence... Dans ce contexte, Exane dit sa préférence pour des initiatives de croissance organique.