Après avoir largement sous-performé le CAC 40 hier avec une baisse de 0,8%, Vivendi souffre encore aujourd'hui et perd 0,25% à 19,9 euros. Dans les deux cas, le titre du groupe de médias est malmené par l'offensive d'Altice sur le terrain des droits de diffusion sportifs. En effet, la rumeur selon laquelle l'opérateur avait remporté les droits de diffusion de la Premier League anglaise (équivalent de la Ligue 1) de football, au détriment de Canal+ qui les possédait jusque-là, a circulé hier sur les marchés financiers.

Après la clôture, Altice a confirmé qu'il serait le diffuseur exclusif des matchs pour trois saisons à partir d'août 2016. Cette nouvelle fait progresser aujourd'hui le titre de l'opérateur de 1,93% à 14,27 euros, lui permettant de signer la plus forte hausse de l'AEX néerlandais.

Pour Vivendi, et plus particulièrement pour sa filiale Canal+, l'arrivée d'Altice sur ce segment stratégique du sport est particulièrement préjudiciable. En effet, la chaine à péage était déjà confronté à la concurrence de BeIn, lancée en France en 2012. De plus, le groupe propriété de Patrick Drahi se montre prêt à faire monter les enchères très haut : il n'a certes pas confirmé mais des informations de presse font état d'un prix de 100 millions d'euros pour la Premier League. Lors du précédent appel d'offres remporté par Canal+, ce dernier avait payé 63 millions d'euros.

Surtout, l'échec sur ces droits fait perdre à la filiale de Vivendi un argument commercial important. BeIn avait déjà mis la main sur les championnats italien, Espagne et Allemagne. CM-CIC Securities rappelle que la chaine doit déjà partager les droits de la Ligue 1 avec la chaine du Qatar jusqu'en 2020 et ceux de la Ligue des Champions jusqu'en 2018. En termes d'exclusivité, Canal+ peut encore compter sur le Top 14 de rugby jusqu'en 2019.

La fin de la diffusion des matchs britanniques sur Canal+ risque donc de se traduire par une baisse du nombre de ses abonnés. Selon Kepler Cheuvreux, une hausse du taux d'attrition, qui mesure la perte de clientèle d'une entreprise, vers 20% (il est de 15% actuellement) aurait un impact sur les revenus de la chaine de 100 à 150 millions d'euros et sur son Ebita de 20 à 40 millions. Au dernier trimestre, l'Ebita de Canal+ était déjà en baisse de 21,4% à 162 millions d'euros, représentant 73% de l'Ebita de Vivendi.

(E.L.L.)